1. NSFY (Not Safe For You) (1)


    Datte: 06/12/2022, Catégories: BDSM / Fétichisme Auteur: domindoe, Source: Xstory

    Plus on monte et moins il y a de gens, plus leur accent augmente et moins on les comprend. C’est ce que l’aubergiste chez qui je logeais m’avait dit pour me dissuader de me lancer dans l’ascension du mont en une courte journée.
    
    Je faisais de la randonnée en cyclotouriste et j’avais atterri là par hasard autant que par erreur. Je me situais dans une zone au bout de la civilisation, à en croire l’inconcevable mutisme de mon GPS et de toute sa cartographie numérique mondiale qui me laissaient dans l’ignorance totale de ce mont Chauve et de ses alentours. Devant moi se dressait un massif aussi large qu’incontournable, aussi imposant que solitaire, debout et fier dans une lande désertique si ce n’était la présence de cette auberge qui aurait mérité une pancarte « dernière halte avant la fin du monde ».
    
    J’avais donc fait étape dans cet établissement de la dernière chance. Une nuit de repos et quelques renseignements humains, pensais-je, compenseraient fatigue d’errance et déshérence informatique, téléphonique et satellitaire. L’accueil à l’auberge était chaleureux. Bien que la fin de saison printanière ne s’y prêtât pas particulièrement, un beau feu de bois crépitait dans une grande cheminée qui faisait face à la porte d’entrée. Je compris quelques heures plus tard le pourquoi du feu dans l’âtre : en journée, la température devenait subitement fraiche lorsqu’une masse de nuages venait à masquer le soleil ou que celui-ci dissimulait sa chaleur à l’ombre du mont bien avant le ...
    ... crépuscule puis que les nuits de printemps faisaient rapidement chuter cette température dans le glacial.
    
    Je m’avançais jusqu’au comptoir lorsque, au premier craquement d’une lame du parquet, le patron sortit de je ne sais où pour me proposer un tarif exceptionnel autant que promotionnel pour un séjour longue durée. Tandis que je l’informais de mon intention de ne rester qu’une nuit pour me reposer, il me proposa, après un avertissement sur l’inhospitalité des habitants du mont, la seconde nuitée sans supplément de tarifs.
    
    — Gratuitement ? insistai-je.
    
    — Absolument, il n’y a personne actuellement, ma femme et moi, nous ennuyons à mourir. Un peu de compagnies pour nous autant qu’une nuit de sommeil supplémentaire pour vous nous fera à tous le plus grand bien.
    
    L’aubergiste semblait être un homme jovial dans la cinquantaine, Méditerranéen, quasiment une caricature aux joues rougeaudes, au nez rond, aux yeux pétillants, à l’accent chantant, bonhomme à l’expression truculente, mais parfois retorse. Je me sentais un peu mal à l’aise en sa présence sans savoir préciser pourquoi au-delà de cette allure madrée. Cependant, j’acceptai sans plus d’hésitation, j’aurais ainsi le temps de repérer les lieux et le parcours avant de m’aventurer à escalader ce mont solitaire plutôt impressionnant.
    
    J’eus droit à tous les égards et à la plus confortable des chambres de l’auberge. Elle était située à l’étage avec vue sur le massif qui, tel un garde inflexible, obturait mon passage, ...
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