Les amants du crépuscule - Histoires de Sexe

Les amants du crépuscule

... d’hommes y ont-ils dévissé en voulant le gravir, combien ont-ils pu l’approcher sans tomber, saisis par le vertige ? Tu trembles un peu, c’est émouvant. Peut-être est-ce la rigueur de la position. Peut-être est-ce le froid. Le contact du marbre sur ton joli petit cul. Pour tout dire, en te voyant là, dans cette pose, je tremble moi-même un peu.

Son regard se détourne et balaie la pièce à la recherche d’un miroir, mais revient vers la belle alanguie, bredouille. Pourquoi est-elle donc si modeste, au point de se moquer du reflet de sa vertigineuse beauté ?

— Et puis il fait un peu cru, dans cette pièce. Du moins pour s’y retrouver nue et immobile, face à un inconnu étrange qui te manipule comme un pantin, t’inspecte sous toutes les coutures. Ne m’en veux pas, évaluer la plastique d’un corps, c’est plus fort que moi, une manie, une seconde nature. Et dans ton cas, c’est juste incroyable… Tu n’en as pas la moindre idée. Une autre fois, il faudra absolument que je m’arrange pour que tu en juges par toi-même, que je te révèle ta propre énigme. Enfin, je dis une autre fois… Mais toi, pourquoi acceptes-tu mes caprices si docilement ? Tu ne me donnes pas l’impression d’être une fille qui aime obéir, ou je me trompe ?

Le visage toujours tourné vers le plafond, elle confirme, d’une dénégation de la tête.

— C’est ravissant quand tu secoues ton visage. L’onde de tes cheveux mi-longs qui balaie la surface de tes épaules crispées, et tout ton buste qui accompagne le ...

... mouvement, jusqu’à faire à peine trembler tes petits seins ronds. Adorable. La réponse est non, donc. Pas de jeu de rôle piteux, pas de fantasme particulier à se soumettre, c’est ça ?

Elle confirme, secouant la tête avec davantage encore de conviction, avec aussi l’ébauche d’un sourire, et un probable soupçon de coquetterie, consciente du ravissement esthétique et érotique que ce mouvement provoquera en lui. Tant mieux, se dit-il. Moi non plus, je n’ai aucun goût pour ces artifices et ces rapports de force. Sa beauté suffit à le combler. Elle règne, éblouissante, presque insoutenable.

— Tu le fais souvent ?

Il sursaute. Voilà qu’elle parle à nouveau. Il en est soulagé. Elle a gardé la pose, mais redressé la tête, elle l’observe, l’ovale de son visage un peu incliné. Sa voix est toujours aussi claire, chaude, assurée, amusée.

— Quoi donc ?
— Soumettre une inconnue à ton bon plaisir. La déshabiller peu à peu. Détailler chaque parcelle de son corps. Jouir de la bonne grâce qu’elle met à s’exhiber.
— Tu me tutoies, à présent ?
— Puisque nous en sommes arrivés au stade des confidences… Et puis je crois bien que tu me plais vraiment. Mais réponds-moi, plutôt. Tu te l’accordes souvent, ce strip-tease sur commande ?
— Ça m’est arrivé, d’une certaine façon, mais c’était d’un tout autre ordre, sans enjeu érotique délibéré. Rien à voir. L’émotion est différente.
— Qu’y a-t-il donc de si différent ?
— Bonne question. C’est comme si je t’avais reconnue, instantanément, dans ce ...