Les amants du crépuscule - Histoires de Sexe

Les amants du crépuscule

... trois mots si simples et définitifs, trop souvent galvaudés. Elle éveille sa tendresse autant que son désir, il a déjà dépassé le stade de l’accoutumance. Pour quelques doses de sa grâce, il sacrifierait tout.

— N’en jette pas de trop, tout de même ! Tes compliments me flattent, mais n’exagérons rien ! Tu sais, je ne suis pas Greta Garbo. Ça m’emmerde un peu, le regard fasciné des hommes qui me traitent en diva. Parfois j’aimerais qu’ils me trouvent plus quelconque, on m’apprécierait peut-être pour de meilleures raisons, on découvrirait que je peux aussi être tendre, et joyeuse, et vibrante.
— Je n’en ai jamais douté…
— Bon, je ne suis pas non plus en train de me plaindre, c’est plutôt agréable, les très jolis mots que tu m’offres. Mais je me borne à constater, je me pose juste la question. Tu sais, je n’ai en réalité jamais vraiment rencontré l’amour, et j’ai pourtant connu bien des hommes. Enfin, c’est beaucoup dire… J’ai couché avec eux. Par curiosité ou par envie d’y croire, parfois par charité, beaucoup par lassitude, face à leur insistance obstinée. Ils m’abreuvaient de compliments, me parlaient de ma beauté, elle les rendait fous, disaient-ils, et parfois malheureux. Une forme de long chantage qui finissait par me donner l’impression d’être avare. Ils m’avaient à l’usure. Je leur cédais sans trop d’entrain ce qu’ils convoitaient. Ce n’était jamais que mon corps et mon sexe, ces territoires où ils étaient impatients de planter leur drapeau et leur queue, et ...

... souvent avec plus d’arrogance que d’émotion. Une fierté de coq plumant la volaille. Ils n’étaient pas tous beaux ni dignes d’intérêt, loin de là, et ce sont souvent les moins bien lotis qui se montraient ensuite les plus ingrats. Je suis donc devenue bien plus sélective avec le temps, rassure-toi. C’est moi qui choisis, contrairement aux apparences. Tu me sembles être un type adorable, respectueux. Il y en a, Dieu merci. Je n’ai pas encore définitivement renoncé à mon âge à découvrir et partager l’amour. J’en ai tant en réserve, tant à offrir.
— Ce ne sont sûrement pas les candidats qui manquent.
— Beaucoup d’appelés, mais aucun élu. Il faudrait déjà qu’il trouve ma clef ou surtout qu’il accepte qu’elle soit manquante.
— Tu veux dire…
— Tu m’as bien comprise. Autant te prévenir aussitôt, que tu n’ailles pas croire ensuite que tu sois en cause. Une femme qu’on pense froide, parce qu’elle est plutôt jolie, mais prudente, qu’elle ne tutoie pas facilement, ce n’est pas bien grave, on découvre vite le revers moins austère de la façade. Mais frigide… Le mot lui-même vous accable. Il vous couvre de la pitié, la méfiance, l’embarras. Ce n’est pas qu’un mot, hélas. Tu voulais me voir nue ? Voilà, je ne peux pas l’être davantage : je n’ai pas seulement jamais véritablement aimé. Je n’ai jamais joui. Ça te gêne ? Ça te déçoit ? Tu ne dis rien.
— Je t’écoute, tout simplement. Que tu me fasses cette confidence et cette confiance, c’est plutôt émouvant, au contraire.
— Merci. Tu sais, ce ...