On a tous quelque chose à cacher - Histoires de Sexe

On a tous quelque chose à cacher

... la nature de votre relation. Et comment vous vous êtes rencontrés… ?

Elliot a buté, son sourire était évanoui, il avait les yeux au loin, regardant les recrues faire des pompes. Sa peau noire était belle, il restait jeune malgré ses cinquante ans :

— C’est de l’ordre privé, tout ça…
— Monsieur Elliot, je comprends. Mais nous travaillons tous pour le Service, et nous voudrions investir Raïssa de nouveaux pouvoirs…

Elliot a expiré son souffle, quelques gouttes de sueurs au front, il m’a invité à m’asseoir avec lui au pied d’un arbre donnant enfin de l’ombre. Il a pris un temps avant de répondre, après un nouveau soupir :

— Très bien. Comme vous le savez je crois, j’ai été l’instructeur de Raïssa, dans la cohorte d’il y a quoi ? Trois ? Quatre ans ?
— Quatre.
— Raïssa était l’élève prodige : elle se révélait, terminait première à tous les exercices, autant au niveau physique qu’au niveau intellectuel, et à la maîtrise des armes. Elle et moi avions développé des affinités : mais attention, tout restait dans le cadre hiérarchique instructeur/recrue. Je la poussais à se surpasser, et elle se donnait à fond. Des rumeurs couraient dans le mess des officiers, qu’elle avait déjà servi sous les ordres d’un officier traitant, lors d’une mission clandestine. Qu’un thérapeute la suivait à l’occasion, pour je ne sais quelles raisons, mais encore. Ce n’étaient que des rumeurs, comme il y en a tant. Dans notre métier, il faut distinguer le vrai du faux, n’est-ce pas ...

... ?

J’approuvais, compréhensif, connaissant que trop bien la teneur de cette mission clandestine évoquée et la nature de cette thérapie. Elliot m’a regardé, dépité :

— Je ne peux pas vous dire… ça ne l’aidera pas, je…

Il se mordait l’intérieur des joues, hésitant à continuer, je l’ai encouragé :

— Cela restera entre nous : c’est sur mon jugement que se basera l’avis du comité…

Il a hoché la tête, son regard perdu dans son passé :

— Vers la fin de l’entraînement, il devait rester deux semaines environ, je me suis mis en binôme avec elle pour l’art du combat rapproché et elle m’a mis à terre sans que je l’aie vu venir. Elle est deux fois plus petite que moi et elle m’a mis knock-out en moins de deux, vous rendez-vous compte !

Elliot me regardait, les sourcils relevés, les yeux grands ouverts, toujours surpris par le combat qu’il a perdu face à Raïssa.

— Elle s’est penchée vers moi, ses lèvres près de mon oreille et m’a chuchoté, je ne vous mens pas : « Je n’ai jamais fait l’amour avec un grand Noir comme vous… » ça m’a redonné de l’énergie, je me suis dépêtré et j’ai renversé la situation malgré son agilité. Je me suis retrouvé sur elle, entre ses jambes, maintenant ses bras et elle me souriait. Comme si elle avait obtenu ce qu’elle cherchait. Tout le monde s’entraînait, personne n’a vu la scène, mais nous nous sommes donné rendez-vous, le soir même…

Des oiseaux ont chanté, les recrues se sont mises à sautiller, un instructeur adjoint beuglait. Il y a vingt ans, ...