1. On a tous quelque chose à cacher


    Datte: 22/10/2022, Catégories: fh, ff, nympho, Collègues / Travail jalousie, cérébral, BDSM / Fétichisme Transexuels policier, Auteur: Samir Erwan, Source: Revebebe

    ... tous les records de chaleurs, nous caressions d’amitié, nous regardions avec des yeux d’amoureux. Mais jamais plus nous n’avons fait l’amour.
    
    Nous dînions tard le soir, le plus souvent sur sa terrasse, couverte à l’ombre des arbres, ouvrions des bouteilles, devisions sur le sort du monde et anticipions certaines réactions des grands politiciens de ce monde contemporain. Nous étions souvent en accord avec l’autre bien que certains points de vue divergeaient. Ce n’était que sur des précisions ou des interprétations de l’autre que nous étions en désaccord : lorsque Raïssa ou moi affinions le propos que nous venions d’émettre, l’autre comprenait le sens et pouvait renchérir.
    
    Lors d’une de ces discordes d’angles de vue, après deux heures d’échanges d’idées et d’expériences, après que nous ayons fait le tour du sujet en tirant un nouveau fil pour continuer à débattre, Raïssa s’est soudainement tue. Elle a fixé de ses grands yeux noirs un point inconnu par-delà ce monde. Je l’ai questionné : « Ça va ? » Elle est revenue vers moi, a haussé ses pommettes, a bu son vin, et a poussé un profond soupir, autant avec un sourire charmeur, espiègle et désarmant qu’imperceptible, mélancolique… Son coude sur la table, sa joue dans sa main, ses cheveux tombant sur une épaule, elle m’a dévisagé et a murmuré :
    
    — Pourquoi nous sommes-nous rencontrés comme ça ?
    — Peut-être nous ne nous serions jamais rencontrés sinon…
    
    Elle a continué à me contempler, maintenant son sourire telle une ...
    ... vague à l’âme. J’ai cru que c’était bon, qu’elle me ferait un petit signe de son doigt : « Viens ici… ». J’y serais accouru, j’ai cru qu’elle approcherait ses lèvres des miennes, que nous nous serions étreints, que…
    
    Rien de tout cela. Elle a plutôt frémi, s’est ébouriffé la tête, s’est redressée, est redevenue elle-même soudainement fière et sûre d’elle :
    
    — Il commence à faire frais, je vais rentrer. On se revoit demain ?
    — Tu veux que je t’aide pour la vaisselle ?
    — Non, c’est bon, merci.
    
    À quoi pouvait-elle bien penser lorsque son regard devenait hagard, lorsqu’elle se perdait en elle, ou ailleurs dans le monde ? Peut-être dans des souvenirs ou des fantasmes, peut-être dans une autre vie ? Qu’est-ce qui la rendait nostalgique sans crier gare ? Une réflexion, un mot, une odeur, une sensation, un souvenir ? Pardon ? Un souvenir ? Nous sommes en proie avec la somme de nos expériences et nos devoirs de mémoires.
    
    Aussi, durant cette année d’enquête contre le laboratoire « nucléaire pharmaceutique », je me suis ressassé mes réflexions de cet été-là, avec Raïssa. Pourquoi ne faisions-nous plus l’amour ? Était-ce parce qu’elle avait découvert mes travers de travestissements et que depuis, elle ne me voyait sexué qu’en étant Milly ? L’homme que j’étais, que je suis, qu’elle avait retrouvé était tout aussi performant, tout aussi doux, à l’écoute, mesuré que bestial et téméraire. Mais malgré les caresses cordiales que l’on donnait à l’autre, la main sur le bras, sur la ...
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