Journal d'une étudiante presque ordinaire (1)
Datte: 17/10/2022,
Catégories:
Lesbienne
Auteur: Gentille75, Source: Xstory
... l’antiquité auxquelles je voue un véritable culte. Bien entendu, l’imaginaire populaire en prend un sacré coup dans ma version, pas question de reproduire les invraisemblances d’Arctinos de Milet ni les niaiseries du vénéré Hérodote.
Les interactions sentimentales avec d’autres individus ? Réduites au strict minimum, pour le plus grand malheur de maman. De toutes façons, les mecs sont obsédés par notre cul et les nanas ne pensent qu’à trouver l’amour idéal. Les belles histoires romantiques, je préfère les vivre par procuration dans les romans, c’est moins déprimant. Côté sexe, ça peut paraître con, je me suffis à moi-même. Mes doigts valent bien une queue, les prises de tête en moins, voici mes conclusions après quelques tentatives infructueuses. Non, il ne suffit pas d’écarter les cuisses pour avoir du plaisir, et mes doigts sur mon clito répondent à cette fonction organique, du moins, c’est ce que je croyais.
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– Je peux ?
Line posa son plateau en face du mien sans attendre de réponse dans le réfectoire du resto U vide, comme souvent le vendredi soir. J’aimais bien cette nana un peu déjantée, gentille bavarde obsédée par un léger embonpoint qui lui valait la réputation de boudin. C’était carrément exagéré ; malheureusement, il ne fallait attendre aucune charité dans la société intransigeante du paraître. Elle était « des autres » dont j’ai parlé plus haut, de celles qui devaient montrer leur carte d’étudiant à l’entrée des soirées programmées et payer leurs ...
... consommations.
Dans les rassemblements « off », la plupart du temps organisés par des mecs certains de parvenir à leurs fins en offrant quelques tournées, aucune chance, Line n’avait pas le physique ni la réputation de fille facile qui lui aurait permis de passer le service d’ordre. Alors elle tentait parfois sa chance au bistrot d’à côté, où des garçons soumis eux aussi à la discrimination basée sur l’apparence s’attardaient le soir en quête de bonne fortune. Mais là, c’était la copine qui se montrait difficile, à croire qu’elle préférait se plaindre à moi du vide de son existence plutôt que d’y remédier.
– T’as un truc de prévu ?
Oh oui ! ARTE diffusait un documentaire sur les colonies grecques en Anatolie, la Turquie d’aujourd’hui. J’entendais déjà la chevauchée des cavalières intrépides le long du fleuve Thermodon dans la plaine de Cappadoce jusqu’à Thémiscyra la cité blanche, à la lutte pour délivrer les femmes esclaves des hommes. J’aimais les imaginer chantres du féminisme, héroïnes d’une guerre sans fin contre la confiscation systématique de nos droits élémentaires dans les sociétés patriarcales. Line partageait certaines de mes idées et savait se taire devant la télé, l’inviter me parut naturel.
– Tu veux venir ?
J’aimais bien son sourire aussi quand elle se sentait acceptée. Avec plus d’efforts de ma part, surtout en sociabilité, on aurait pu devenir amies. Enfin ! Copines, c’était déjà pas si mal.
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Le documentaire ne m’avait rien appris, sauf ...