1. Journal d'une étudiante presque ordinaire (1)


    Datte: 17/10/2022, Catégories: Lesbienne Auteur: Gentille75, Source: Xstory

    1 L’accident
    
    Autant se rendre à l’évidence, cher journal, la fac est le berceau de l’injustice. Il y a les nanas populaires, celles qui attirent les regards, les bien foutues qu’on ne manque jamais d’inviter, à qui tous les mecs mangent dans la main en espérant gagner leurs faveurs. Ensuite viennent celles, plus banales, à la réputation sulfureuse de filles faciles, des chaudasses qui couchent pour se faire voir, la bouche et la chatte toujours prêtes en échange d’un peu d’attention. Puis arrivent les autres, personne ne se retourne sur leur passage sauf pour leur dire des vacheries, certaines passent inaperçues ou deviennent carrément invisibles avec le temps.
    
    Enfin il y a moi, la rebelle agressive, ni belle ni moche, du moins je me vois comme ça dans le miroir, surtout qui se moque de l’avis général, avec un caractère de merde aux dires de certains. Ah ça, difficile de leur donner tort depuis que j’ai cassé la gueule d’un vicelard planqué dans le vestiaire des filles au gymnase en fin de première année. Certaines nanas, surtout celles qui n’ont pas assisté à la scène, m’évitent à cause de ma prétendue violence. Pour les mecs, aucun doute, seule une gouine est capable de mettre une raclée à l’un de leurs. Ces cons peuvent penser ce qu’ils veulent, j’aime bien ma solitude, je préfère ça aux pots de colle.
    
    La fac n’a rien du monde enchanteur des bisounours, ça ressemble plutôt à la balade des faux-culs dans les couloirs de la résidence universitaire. On se croise, ...
    ... on se salue sans se connaître, parfois on se sourit par réflexe, souvent on s’ignore par habitude, il y règne un drôle de statu quo comme dirait mon prof d’histoire de la littérature spécialiste de la révolution américaine. Le calme obligatoire dans les chambres, une règle à peu près observée, le resto U sert de défouloir. On y mange correctement à défaut de se régaler, c’est déjà bien vu le prix, personne ne s’en plaint.
    
    Un bistrot à proximité permet quelques débordements festifs innocents. Le patron, qui ne manque jamais de nous rappeler sa conception d’adolescent en mai 68, se montre cool, même coulant vis-à-vis de certains apprentis philosophes proches des mouvements d’extrême gauche. Après, Paris offre toujours des opportunités aux plus audacieux des étudiants. Je m’y promène souvent en journée sur les bords de Seine, à la recherche d’un banc ou me poser pour lire ou contempler les bateaux mouches, plus rarement le soir. Le monde de la nuit me laisse indifférente, dans la mesure où sociabilité et alcool ne font pas bon ménage chez beaucoup d’individus.
    
    J’appartiens à la catégorie des veinards qui n’ont pas besoin de se trouver un job en parallèle, à condition de m’accrocher, au minimum de suivre les cours. Aucun soucis, mon avenir m’intéresse, les parents peuvent dormir sur leurs deux oreilles. Je passe une partie de mon temps libre à la bibliothèque, une autre à siroter des bières devant la télé, le reste à écrire une revisite du mythe des Amazones guerrières de ...
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