1. Merci docteurs


    Datte: 15/09/2022, Catégories: fh, hplusag, Collègues / Travail amour, pénétratio, prememois, extraconj, diffage, Auteur: Roy Suffer, Source: Revebebe

    ... des émoluments conséquents.
    
    Après mûre réflexion et comme l’opportunité se présentait, elle opta pour former elle-même une toute jeune fille issue d’une famille fort croyante, méritante et dans le besoin. C’était la quatrième d’une fratrie de huit enfants, qui avait des capacités intellectuelles, mais dont on ne pouvait assurer les études. Ainsi, à quatorze ans et son certificat d’études primaires en poche, Solange entra au service des Verrat, au grand soulagement de sa famille. Une bouche de moins à nourrir, tel était le contrat, et Eugénie aménagea une sympathique chambrette avec un cabinet de toilette sous les combles. Avec un toit à la Mansart, une fenêtre donnant sur le parc, l’espace était vaste, clair, gai avec un papier peint aux larges fleurs pastel, des meubles neufs en chêne clair, un bon lit, une grande armoire-penderie avec miroir, un bureau et même une commode pour le petit linge. La gamine fut éberluée. Disposer de tout cela pour elle seule, qui n’avait connu qu’une chambre sombre partagée avec trois autres de ses sœurs, même pas moitié moins grande avec des lits superposés, elle se croyait dans un palace. Quant à la douche, ce fut pour elle une découverte qu’elle n’apprivoisa qu’avec prudence, habituée qu’elle était au baquet et au broc d’eau plus ou moins tiède versé par un frère ou une sœur.
    
    La contrepartie était que, pendant deux ans, Solange devait apprendre à réaliser ses tâches avec Madame Verrat sans le moindre émolument – que le gîte et le ...
    ... couvert – comme les apprentis de l’époque. Ensuite, si tout s’était bien passé, elle percevrait un salaire d’où lui seraient retirés les frais d’hébergement… pour ainsi dire, pas grand-chose. Mais les exigences de la jeune fille étaient à la hauteur du milieu dont elle était issue, et elle se pensait déjà extrêmement favorisée au regard de sa famille. Hubert fut un peu agacé par la présence permanente de cette gamine sous son toit, mais il ravala ses remarques… peut-être était-ce là pour Eugénie une façon de combler le vide d’enfant qu’elle ne pouvait pas avoir. Et puis il constata vite que la petite Solange n’était qu’une ombre, d’une discrétion absolue, d’une grande timidité et qui ne s’adressait exceptionnellement qu’à son épouse.
    
    Solange avait des qualités certaines. Courageuse, habituée à aider en toutes circonstances, à s’occuper des plus petits, à laver la vaisselle ou les sols, rentrer le bois ou peler les pommes de terre, rien ne la rebutait. Il s’agissait juste de la civiliser un peu, car la porcelaine ne se lave pas comme un vulgaire grès, et l’argenterie pas comme de pauvres couverts en aluminium. Elle n’était pas sotte, elle apprenait vite et sa docilité émerveillait Eugénie qui se mit en tête d’améliorer les connaissances de Solange. Elle procéda par petites touches discrètes, plaçant quelques livres sur le bureau de la jeune fille, Jules Verne, Dumas, Hugo, Balzac et… un dictionnaire. Cet ouvrage combla de joie l’adolescente qui s’en ouvrit enfin à sa ...
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