La seconde chance - Histoires de Sexe

La seconde chance

... j’avais préparée. Il commence à faire le tour du van. Durant ce temps, j’observe le plus jeune, devant moi, que je sens nerveux. C’est lui le maillon faible des deux.

— On peut monter et fouiller le véhicule ? me lance-t-il sur un ton de défiance.
— Non, et je connais mes droits. Il vous faut l’aval d’un officier de police judiciaire, ce que je doute fortement que vous soyez… Monsieur l’Agent de Surveillance de la Voie Publique Lieutot, dis-je en lisant le nom inscrit sur sa poitrine. Je lève alors les yeux et soutiens son regard sans broncher.

Bon, là, le coup de l’OPJ et de l’agent de surveillance, je parie qu’il va mal le prendre, où je n’y connais rien. Son collègue revient alors et me rend les documents du camion.

— Non, mais t’as vu, s’emporte le plus jeune, il se prend pour qui ? T’as pas tout compris, on dirait. Ici, les gitans, les SDF, les Arabes, les nègres et les niakoués, on n’en veut pas. Alors tu prends tes cliques et tes claques, et tu dégages avant qu’on appelle du renfort et qu’on te vire manu militari. Pigé ?

Dans sa liste des indésirables citoyens de seconde classe, dois-je lui faire remarquer qu’il a malencontreusement oublié les Maghrébins ? Ou, peut-être par ignorance, les a-t-il confondus avec les Arabes ? Je m’abstiens, non que le moucher puisse être jouissif, mais il est suffisamment échauffé, inutile d’en rajouter une couche. Je peux porter l’estocade finale.

— Je ne sais pas si j’ai tout compris, répliqué-je. L’âge certainement, ...

... mais je vous la fais courte, dis-je en allumant la lumière du camion.

Instantanément son regard se fige. Il vient de voir l’appareil photo monté sur un trépied, juste face à lui.

— Je suisyoutuber ; lavanlife, vous connaissez ? J’ai trois cent vingt mille abonnés et je ne doute pas une seconde qu’ils vont adorer votre prestation à sa juste valeur. Alors, on va en rester là, d’accord ? Je dormirai ici paisiblement, comme la loi m’y autorise, et je partirai demain matin, quand bon me semblera. Si ma nuit vient à être troublée, je poste la vidéo et je vous garantis que je n’aurai même pas besoin de porter plainte pour que votre vie soit ruinée. Alors, Monsieur Lieutot ? dis-je en insistant sur le « Monsieur ».

Ses yeux sont injectés de sang, ses lèvres tremblent, mais aucun son n’en sort. Durant quelques secondes, personne ne parle.

— Laisse tomber, réplique le plus âgé. Vous nous assurez que vous ne posterez pas la vidéo si on vous laisse tranquille ?
— Vous avez ma parole d’honnête citoyen, dis-je avec un petit air revanchard.
— Personne ne vous dérangera, soyez sans crainte. Bonne soirée. Allez, lâche l’affaire, on rentre, ajoute-t-il en tirant son acolyte par le bras.
— Bonne soirée, et bonjour chez vous, répliqué-je.

Sur ce, je remonte dans le camion, referme la porte et vais voir Jo.

— Ouah, là, t’as assuré un max ! Toi, faut pas te traiter de couille molle. Alors, comme ça, t’esyoutuber ? Tu caches bien ton jeu, jamais je ne l’aurais deviné !
— Pas du ...