La seconde chance - Histoires de Sexe

La seconde chance

... humaine qui déglace mon âme et mon corps. Depuis combien de temps n’avais-je pas ressenti cela ? La solitude de ma vie m’apparaît alors encore plus pesante. Elle me sort de ma rêverie :

— Dis donc, t’as pas le compas dans l’œil, toi ! Ou alors tu m’as prise pour une madone obèse ?

Décidément, elle a le chic pour me faire perdre mes moyens. Contrairement à elle, je me sens empoté au possible, ne sachant trop ni où regarder ni que dire. J’en reviens donc aux choses concrètes.

— Désolé, je n’ai rien d’autre. Ah, si, j’ai bien des chaussettes chaudes et montantes, mais c’est du 44.
— Je prends, merci.

Elle les enfile et se retrouve presque avec des mi-bas qui lui arrivent sous les genoux.

— Je vais mettre du chauffage, sinon vous allez attraper la mort.

J’en profite pour tendre la corde à linge au-dessus du lit et lui propose de mettre ses affaires à sécher. Je repasse alors à l’avant et redémarre.

Quelle drôle de fille. Sa première idée est d’avoir peur de tomber sur un pervers et, quelques instants plus tard, elle s’exhibe nue sans aucune pudeur, tout ça en moins d’un quart d’heure. Et moi, avec toutes ces incohérences, quelle conduite dois-je adopter ? Existe-t-il un mode d’emploi ? En tout cas, par sa seule présence et son rire débridé, elle a transformé cette vieille carcasse métallique en un endroit chaleureux, même si, par la même occasion, elle a pourfendu tous les repères de mon univers.

Elle vient s’installer sur le fauteuil passager dans une ...

... incomparable dégaine que complète une serviette nouée autour des cheveux.

— Encore merci, me sourit-elle. Sans toi, j’étais bien dans la merde.
— Comment vous êtes-vous retrouvée perdue sur cette route de campagne ?
— M’en parle pas, une vraie galère. Je faisais du stop pour aller à Marseille. Un commercial me prend dans sa voiture. Un mec sympa, mais qui me reluquait grave. Il m’aurait bien sautée, je pense. On discutait et tout, il faisait plein de blagues, du genre le mec qui croit dur comme fer que femme qui rit est à moitié dans son lit, tu vois le genre quoi. Et, pas de bol pour lui, il a reçu un appel de son patron. Il a dû modifier sa route et, du coup, j’ai préféré descendre plutôt que de me retrouver à Pétaouchnok. Autant te dire qu’il faisait la tronche, tous ces efforts pour rien ! Et toi, tu vas où ?
— Marseille.

Je n’ai aucune honte à mentir de la sorte. Marseille ou ailleurs, peu importe. L’important n’est pas la destination, mais le voyage. Sa présence me fait chaud au cœur, alors, autant faire durer le plaisir. Sur la tablette qui me sert de GPS, je tape le nom de la capitale provinciale en excluant les autoroutes.

— Sept heures trente-huit de route. Vous préférez quoi : que nous roulions toute la nuit ou que nous nous arrêtions dormir quelque part ?
— Tu peux conduire jusqu’à demain matin sans dormir ?
— Non. Quoi qu’il arrive, il me faudra me reposer trois ou quatre heures.
— Alors, arrêtons-nous quelque part, je n’ai rendez-vous que dans ...