La seconde chance - Histoires de Sexe

La seconde chance

... capable d’avoir un prénom, je ne suis personne, juste une pute, rien d’autre.

Les sanglots reprennent de plus belle. Véritable handicapé des sentiments, je ne suis vraiment pas à l’aise dans ce genre de situation. Je ne sais que faire, mais le silence est mortifère. Alors, je lui prends les mains et je me lance :

— Tu sais, c’est parfois très étrange. Les gens comme toi et moi nous n’avons pas qu’une seule vie, mais une multitude. Chaque changement est douloureux, certains sont voulus, d’autres subis. Tu connais le dicton : « On sait ce que l’on perd, mais on ignore ce que l’on gagne » ? Cela peut faire peur ou être source d’espoir, au choix. Je crois sincèrement que, bien cachée dans un recoin de ton inconscient, une partie de toi ne supportait plus cette situation, et que je n’ai été que le déclencheur de quelque chose qui devait fatalement arriver un jour ou l’autre. Tu ne sais plus qui tu es et de quoi demain sera fait ? Tant mieux. À toi de te trouver et d’écrire ton futur, et je parie qu’il sera bien plus radieux que ton passé. Il te faut juste un peu de temps pour y voir plus clair.
— Mais là, je n’ai vraiment plus rien, je suis à la rue et je n’ai pas de boulot.
— C’est vrai aujourd’hui, mais qui sait de quoi demain sera fait, crois-moi.

Faire diversion, le temps de réfléchir.

— C’est bien beau tout ça, mais il te faut un prénom si je ne peux pas t’appeler Jo ou Marie.
— Quel prénom te plairait ? me demande-t-elle.
— Ce n’est pas à moi de choisir ...

... pour toi. Quel est celui que tu choisirais pour recommencer ta vie ?

Elle réfléchit quelques instants avant de reprendre :

— Bon, OK, alors : Aria, qu’en penses-tu ? Arie et Aria, ça en jette, non ?
— AA, dis-je sur un ton sarcastique. OK, elle est nulle celle-là aussi.
— Oui, faut vraiment que t’arrêtes de faire des blagues, répond-elle en s’esclaffant d’un rire entrecoupé de sanglots.

Son visage reprend quelques couleurs malgré l’étrangeté de son maquillage.

— Va pour Aria, c’est parfait. Ensuite, là, vu ta tête, il te faudrait peut-être faire un brin de toilette de chatte avant d’aller faire quelques courses, non ?
— Arie, on a dit : « plus de blagues vaseuses », c’est clair ?
— Mais quoi ? Je laisse juste ma créativité s’exprimer !

Son sourire prend le pas sur les pleurs. Mes plaisanteries, aussi douteuses soient-elles, semblent quand même avoir un effet positif. Elle se débarbouille rapidement.

— Arie, tu me redonnerais tes fringues d’hier ? Je ne supporte plus celles-là.
— C’est ma chemise préférée, t’es dure en affaire ! Mais va, c’est cadeau.
— Merci, alors ce sera ma tenue doudou.

Elle enlève sa robe et, une fois de plus, se retrouve nue devant moi. Maintenant, je comprends mieux son attitude si distanciée envers son corps-objet qu’elle s’empresse de couvrir avec ma chemise, le pull trop long et les chaussettes.

— Bon, je te propose quelque chose. Il commence à se faire tard. Pour aujourd’hui, laisse-moi t’emmener dans un endroit fabuleux. ...