Le temps qui s'arrête - Histoires de Sexe

Le temps qui s'arrête

... provisoire.
— Ben… comment est-ce possible ? Je n’y suis jamais allé.
— Hier soir à votre arrivée, les surveillants vous ont pris en photo. C’est obligatoire dans toutes les prisons et je vais donc aussi demander une copie de votre fiche d’écrou pour ces journées faites ailleurs. Si ce n’est pas vous, j’aurai au moins une preuve.
— Je vais rester combien de temps chez vous ? Je n’ai rien à faire en taule moi… je veux sortir. Je vous en supplie, Madame… je n’ai jamais rien volé de ma vie.
— … Je vous ai dit ce que j’allais faire, il faut me laisser un peu de temps.
— Faite vite, je vous en supplie. Je vais tout perdre sans vous !

Le type pleure alors qu’il repart vers sa cellule. Le surveillant qui le prend en charge a rapporté un café à la greffière. Et elle apprécie du coup ce jeune homme qui semble courtois. Boulot de merde que de gérer la misère humaine. Combien en a-t-elle déjà croisé de ces mecs qui affirment avec un aplomb sans faille « leur vérité » ? Mais par acquit de conscience, Hélène décroche son téléphone et compose le numéro du greffe de la plus grande taule de France. Une voix aussi fatiguée que la sienne lui répond.

— Allo ! Le greffe de Fleury-Mérogis !
— Bonjour. C’est la greffière de Bois-d’Arcy… Je vous appelle pour une détention provisoire. Et puis pourriez-vous aussi me faxer en même temps une copie de sa fiche d’écrou, le condamné conteste sa détention.
— Ouais… vous en connaissez beaucoup vous qui sont heureux de nos hôtels ? Bon, je vous ...

... cherche ça et vous l’envoie dès que j’ai trouvé. Donnez-moi tout de même les dates de son passage dans nos murs et son blase…

Consciencieusement Hélène répond à toutes les demandes de son homologue pas très lointain finalement.

— D’accord ! Sinon, tout se passe bien à Versailles ? Pas trop de boulot ?
— Comme chez vous je suppose… je dois du reste finir le mien. Je compte sur vous pour la mise à jour du dossier de mon client.
— Pas de souci… vous avez une jolie voix au téléphone… très agréable en tous cas.
— Merci et bonne journée.

Encore un dragueur impénitent ? Ils sont légion dans cette administration très « fermée ». L’employée de bureau se remet à la tâche. Cette histoire du gaillard qui se plaint ne lui semble pas très bien engagée. Elle songe que parfois les pauvres bougres happés par un système judiciaire aveugle sont des proies trop faciles. Puis à douze heures quarante-cinq, c’est l’heure du second appel de la journée et la détention lui rapporte des chiffres qui correspondent bien à son effectif. Guy va donc bientôt arriver et ensemble, ils iront fêter l’anniversaire de Maryse. Neuf ans déjà… la fillette et Hélène, une longue histoire qui a débuté pendant le mariage de la greffière.

Finalement la pénitentiaire est une grande famille. Le déjeuner chez Marie et Guy est un moment de détente dans un samedi de permanence de la gradée. Elle et Guy portent les mêmes galons et qui se ressemble s’assemble, du moins en qualité de personnels de l’administration ...