Baby Blue. Chapitre I. Bunker.
Datte: 25/08/2022,
Catégories:
Entre-nous,
Hétéro
Auteur: Iovan, Source: Hds
... Mange !
— Tiens regarde l'autre gros goinfre ! Lui, faut pas lui en promettre !
Fix tournait autour de la table, dans l'attente de pouvoir rafler quelque miette tombée.
Je pris l'assiette encore à moitié pleine, et la posai à terre , le temps de me redresser, elle était pratiquement nettoyée .
Elle regardait son chien avec un sourire attendri.
— Tu l'aimes, hein ?
— Ouais...! Ouais, c'est mon copain.
Elle planta ses yeux dans les miens... Elle savait que je savais...Son beau regard me demandant, si j'avais quoi que ce soit à y redire.
— Allez, on va mettre bébé au lit ? Comment tu te sens ?
— Ça va ! Je commence à avoir mal au ventre, et dans les jambes. Mais ça, je sais ce que c'est...
Je l'accompagnai à sa chambre.
— Mets toi au lit, je redescends. Je reviens, tout à l'heure, te border et te raconter une belle histoire...Si tu es sage !
J'allai chercher le flacon de méthadone, versai les gouttes dans un verre et le lui tendis.
Tiens ! Bois .
Qu'est ce que c'est ?
— Un verre de pisse !
Elle éclata de rire... Elle aussi, elle était fine.
Méthadone. Il n'y a que moi qui y touche. C'est clair ?
Oui, papa!
— C'est ça, fais ta maline... ! J'ai une fille qui a presque ton âge.
Ça me plaisait: dans son rapport à l'autre, elle avait quitté, l'immédiateté du face à face, et se montrait capable de décalage et de retour sur elle même.
— Et, dans l'histoire, je ne sais toujours pas ton nom...
— Annabelle... Toi, je ...
... sais... je l'ai vu sur le mot, que ta copine a laissé sur l'ardoise, dans la cuisine.
— Ah !... Oui, c'est un souvenir qui commence à dater. J'aurais du l'effacer depuis longtemps...
En déconnant pour cacher ma gêne, je fredonnai : « Car je suis un...sentimental... »...
Elle sourit.
— Annabelle ! C'est très joli ! J'aime beaucoup... Je trouve que ça te va bien ça te va bien. Allez, Annabelle, buona notte !
Je posai un baiser sur son front. Elle caressa mon bras, alors que je me levais. Fix, couché sur la descente de lit, me suivit du regard, alors que je sortais. Je refermai la porte.
Quelques jours passèrent, nous étions parvenus à mettre en place un modus vivendi et les choses se passaient à peu près bien. Elle se remettait de jour en jour, ne toussait presque plus. Son visage était reposé, et avait perdu cette expression tendue et angoissée, qui la défigurait. Elle récupérait la jolie petite gueule qui devait être la sienne.
Le gros souci était son problème de manque, qui la faisait énormément souffrir, tant physiquement que moralement. Je sentais parfois chez elle , une agressivité qu'elle arrivait, la plupart du temps, à maîtriser et à masquer, mais je la sentais à fleur de peau. Elle était, parfois, saisie de crises d'angoisse, qui la faisaient pleurer et je savais, alors, que je ne pouvais rien faire pour l'apaiser. Physiquement, aussi, je voyais qu'elle prenait cher, se tenant parfois le ventre à deux mains, en grimaçant, ou marchant comme une petite ...