Baby Blue. Chapitre I. Bunker.
Datte: 25/08/2022,
Catégories:
Entre-nous,
Hétéro
Auteur: Iovan, Source: Hds
Baby blue.
Bunker.
J'étais revenu mettre mes pas dans nos pas, au H..., sur cette plage de Normandie qui nous avait vu grandir, vacances après vacances.
Du camping où nous étions établis, quelques centaines de mètres, qui ne faisaient qu’accroître, et aiguiser, l'impatience que nous avions à retrouver notre magnifique terrain de jeu, nous séparaient de la plage et de la dune.
Devant nos yeux d'enfants, les frères, les sœurs, les cousins, les copains, le monde s'ouvrait, riche, plein de promesses : le soleil haut dans le bleu, le vent chargé de grains de sable, qui piquaient notre peau nue, et nous faisait rire, les nuages pommelés, irisés de lumière qui nous émerveillaient, sans qu'on y accorde le moindre intérêt, étaient les garants de ce qui était devant nous , de ce qui nous attendait, confiants.
Les baignades, dans une eau que nos enthousiasmes parvenaient parfois à réchauffer, la pêche aux crevettes, aux coques, les poursuites dans les dunes et l'invention des pires tours pendables, étaient autant de richesses et de terrains d'expérience pour nos imaginations d'enfants !
C'est pourquoi, sans même y avoir réfléchi, après avoir marché sur l'estran de C... à F..., la tête pleine de souvenirs, je m’arrêtai au H... et avisant les blockhaus où nous jouions, étant mômes, je décidai de retourner les « explorer » comme nous l'avions fait, tant de fois.
Cyclopes dérisoires, leur œil étroit tourné vers un horizon, d'où il ne viendrait rien, les bunkers ...
... veillaient sur l'absence, sentinelles absurdes et impassibles.
Le temps y continuait patiemment son travail de sape, les déchaussant un peu plus, chaque hiver, au gré des tempêtes.
Le « Pluskat », ainsi que nous avions baptisé cet énorme blockhaus, lors de nos jeux guerriers, masse colossale de béton et d'acier, était soulevé, de guingois et la porte d'entrée, que nous empruntions, faisant cracher nos armes imaginaires, pendant les féroces combats, qui ensanglantèrent ce point stratégique, durant une bonne partie de nos vacances, se trouvait maintenant à deux mètres de hauteur.
Pour achever de défigurer le souvenir que j'en gardais, les parois décrépites du blockhaus, rongées d’embruns et de rouille, étaient couvertes, de tags, degré zéro de la création, motifs égotiques, imbéciles, répétés ad libitum.
J'empruntai le boyau bétonné, en chicane, presque comblé par le sable et me dirigeai vers la seconde casemate, qui se trouvait en retrait.
J'étais sur le point d'y entrer, quand, un grognement, suivi d'une série d'aboiements agressifs m'arrêta net. Une voix de femme ordonna :
— Fix, arrête !
Puis, à mon adresse :
— Ayez pas peur ! Maintenant, il bougera pas !
J'entrai prudemment, le chien grondant toujours sourdement ...Je vis la silhouette, accotée au mur du fond, lui donner une tape et la bête cessa immédiatement. Tout en essayant de ménager mon odorat, une odeur infecte régnait dans ce bouge, j'essayai d'adapter ma vision, à la pénombre.
Le sol était ...