Baby Blue. Chapitre I. Bunker.
Datte: 25/08/2022,
Catégories:
Entre-nous,
Hétéro
Auteur: Iovan, Source: Hds
... jonché de détritus, bouteilles vides, papiers gras , boîtes de bière, vêtements en charpie, et au fond de ce dépotoir, adossée au mur, au milieu d'un tas de sacs, une jeune femme, engoncée dans un informe paquet de vêtements, un énorme chien couché à ses cotés, qui, tête dressée, ne me quittait pas du regard.
J'étais déconcerté. Quelqu'un ne peut pas vivre, ne serait ce que quelques heures, dans un endroit pareil !
Avant que j'aie pu me reprendre, la question rituelle tomba :
— T'aurais pas un p'tit billet ?
— Non... Non, je n'ai pas d'argent sur moi. Mais, si ça te dis, j'ai des cigarettes...
Et je sortis, écœuré par la puanteur.
Au bout d'un long moment, je la vis arriver, escortée par son molosse, marchant à pas incertains, voûtée, montrant tous les signes d'un état de faiblesse évident. Couverte d'un duvet crasseux, elle portait son uniforme de « punk à chien » , pantalons de treillis, chemise à carreaux nouée autour de la taille, rangers déglinguées...
Elle toussait beaucoup.
Elle montrait une pauvre petite gueule, amaigrie et pâle. Dans les orbites creuses, de magnifiques yeux bleus.
Cette fille ne devait pas avoir vingt-cinq ans.
Elle s'assit à côté de moi. Son chien se coucha à son côté.
—Je suis belle, hein ? Je te plais ?
Un rire désabusé...suivi d'une quinte de toux. Provocation...fierté, quand même !
— Mais, je suis sûr que tu es belle. Seulement,là, tu es bien déglinguée.
—Belle ! Tu te fous de ma gueule... rire féroce, ...
... encore.
Je lui tendis mon paquet de Gitanes.
—Je te le laisserai, tout à l'heure. Ça fait longtemps que tu es là ?
—Deux jours . Je suis arrivée avant hier
— Et tu viens d'où ? Je ne veux pas t'embêter avec mes questions, si t'as pas envie de parler, on ne parle pas, ok ?
—Non, non , ça fait du bien de parler à quelqu'un. Depuis deux jours, je parle qu'à Fix , il est gentil, mais au niveau conversation, il est plutôt limité...
Elle tétait sa cigarette... Ça ne l'empêchait pas de tousser.
— De Hollande. On était à Amsterdam...Et puis...Je me suis embrouillée avec cette bande de cons...
Je laissai le sujet, pour l'instant.
— Et, toujours sans indiscrétion, tu comptes aller où ?
Elle me regarda...essaya un sourire.
— Je sais pas. Je verrai..
— Penche toi sur moi, une seconde...
Elle se regimba :
— Sûrement pas !
— En tout bien, tout honneur...Je ne suis pas rassuré avec ton chien, et je voudrais toucher ton front, je suis sûr que tu as de la fièvre..., s'il te plaît.
Elle se pencha, je posai ma main sur son front . Il était brûlant de fièvre.
Ma décision était prise, maintenant, je devais convaincre.
—Tu as de la fièvre. Beaucoup. Vu d'avion, quarante. Encore une nuit dans ce trou, et tu y laisses ta peau...Écoute... Je t'héberge, le temps que tu te requinques. Je peux pas te laisser ici, dans cet état là !
—C'est ça ! Pour me baiser, hein ?
— Pauvre petite, tu as vu l'état dans lequel tu es ? Je te casserais ! Et puis, ...