Quarante méduimètres
Datte: 14/08/2022,
Catégories:
fantastiqu,
amour,
revede,
caresses,
Oral
conte,
Auteur: Serafin, Source: Revebebe
... espèces.
— Bonjour. J’ai besoin d’une tension de quarante méduimètres pour recharger une pile de montre. Est-ce que tu pourrais faire ça ? Je peux te proposer le gîte pour ce soir en échange.
Le méduine la regarde fixement, réajuste son équilibre sur la pointe de ses tentacules. Il parvient enfin à en libérer deux pour méduire sa réponse :
— Je peux te faire du quarante, mais après une nuit au chaud, un brûleur et un ventre plein. Tout de suite, ce n’est plus possible.
Mélisse saute intérieurement de joie et lui indique à toute vitesse que le marché est conclu.
A’oy, car c’est ainsi qu’il lui a méduit s’appeler, a déjà repris quelques couleurs. À l’abri du blizzard et avec un brûleur flambant joyeusement, il dérive dans l’appartement, admirant les vieilles commodes, caressant le pèse-lettre en cuivre d’un tentacule songeur. Il s’est débarrassé de sa toque de fourrure et de ses jambières trempées, révélant une chair d’un violet translucide. C’est presque un miracle qu’aucune de ses extrémités n’aie gelé dans des conditions pareilles. Mélisse, de son côté, s’active aux fourneaux. Ce soir, c’est pizza en l’honneur du méduine. Une immense pizza pour elle – le froid, ça creuse – et plusieurs pizzas miniatures, au diamètre du méduine. Le tout au feu de bois, qui répand une douce chaleur dans la cuisine.
La jeune femme ne peut s’empêcher de sourire en regardant A’oy s’empiffrer de sa quatrième mini-pizza. Peu de gens le savent, car elle est solitaire, mais elle ...
... aussi talentueuse en cuisine qu’avec une caisse à outils – et ce n’est pas peu dire. Mais le regarder manger semble presque voyeur, tant le geste est intime. A’oy a déposé son brûleur avant dîner, se déplaçant sur la table grâce à ses tentacules. Il semble s’asseoir sur sa pizza et reste ainsi quelques minutes, posé sur l’assiette, le temps que les muqueuses de sa cavité buccale absorbent la nourriture. Ses grands yeux dépourvus de paupières sont absents tandis qu’il savoure la mozzarella. Les pizzas doivent être la raison de la paix entre nos deux peuples, s’amuse Mélisse. Avec l’interdépendance énergétique naturellement.
Le chemin vers la boutique semble bien plus court qu’à l’accoutumée. Le soleil matinal donne toute sa fierté au village de Sjensk, et méduire avec A’oy se révèle passionnant. Le petit méduine, avant de faire partie de la horde nomade, a travaillé plusieurs années avec un comptable de Gansk, une cinquantaine de kilomètres à l’est. Cet humain avait une calculatrice sans batterie, de sorte que la présence d’A’oy à ses côtés était constamment requise. Le méduine avait ainsi appris à lire, et s’était découvert un intérêt pour la comptabilité. À tel point que le comptable s’était senti menacé et l’avait mis à la porte. A’oy avait été profondément blessé de cette trahison, et avait préféré tenter une vie nomade plutôt que de retrouver un binôme humain. Mais la vie sans abri est rude, et a fortiori lorsqu’on ne fait que quarante méduimètres.
La lascivité avec ...