Au coeur de la Grande-Forêt
Datte: 22/08/2018,
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Auteur: Radagast, Source: Revebebe
Tout le monde la nommait la Grande-Forêt, et ce depuis la nuit des temps. Tout le monde connaissait la Grande-Forêt sans jamais y avoir mis les pieds. La Grande-Forêt, comme son nom ne l’indiquait pas, étaittrès, très, très grande. Elle couvrait presque la moitié du continent.
Si sur ses lisières le peuplement semblait relativement clairsemé, il n’en allait pas de même sitôt parcourus quelques arpents.
L’herbe haute faite de graminées, la callune ou la bruyère, les quelques arbres épars dispersés de-ci de-là laissaient place brutalement à une futaie irrégulière dense composée de chênes, de hêtres à l’ombre dense, plus ou moins hauts et gros ainsi que de sombres résineux.
Dans les noires vallées profondes parcourues de ruisseaux froids, poussaient des aulnes glutineux au feuillage compact et ténébreux.
Des épines-noires, des ronces, des aubépines et des gratte-culs composaient le sous-étage arbustif, presque impénétrable.
Encore plus profondément dans cet univers végétal, les épineux disparaissaient, laissant la place à de petites taches de semis, à des clairières où poussaient digitales et prénanthes pourpres, reliées entre elles par des toiles d’araignées couvertes de perles de rosée.
Le soleil perçait difficilement ces frondaisons, des rais de lumière tombaient des cieux, illuminant le temps d’un regard une fleur ou une jeune pousse de chêne ou de sapin, le plus souvent une bryophyte.
Quelques sentes créées par les passages répétés des cerfs et ...
... biches laissaient croire à un visiteur qu’un chemin existait ; elles ne servaient qu’à égarer un peu plus le promeneur imprudent.
D’autant que d’autres cheminements croisaient les premiers, œuvre des renards ou des sangliers. Quelques oiseaux se faisaient entendre, un pic-noir, une sitelle, un autour, ou un grand-duc la nuit venue. Seuls le vent dans les ramures ou les crissements des pattes de fourmis sur les feuilles sèches troublaient la fausse quiétude des lieux.
Pourtant des traces d’occupation humaine apparaissaient ici ou là. Le plus souvent une cabane en ruine ; mais parfois une maisonnette entourée d’un jardinet où végétaient quelques fleurs et légumes, et où séchaient sur un étendage quelques vêtements rapiécés.
Des familles de bûcherons s’étaient installées là, près des arbres ; d’autres, des vilains ou des serfs ayant rompu avec leur seigneur pour formariage s’octroyaient un alleu de quelques acres de terre qu’ils défrichaient et cultivaient.
Travail difficile et ingrat. La forêt se battait contre ces intrus et reprenait très vite ce que ces pauvres hères lui avaient difficilement arraché.
Quelques-uns restèrent, beaucoup repartirent à la ville où, au lieu de survivre face à la nature hostile, ils tentaient de ne pas mourir dans les bas-fonds, où les prédateurs se déplaçaient sur deux pattes, mais n’en étaient pas moins dangereux.
La Grande-Forêt restait toutefois le sujet de discussion principal lors des veillées au coin du feu, dans les villages ...