The artist - Histoires de Sexe

The artist

... Sophie me voudrait ultra-provocante, je suis réticente. J’opte finalement pour le style simple et sexy : une petite robe à bretelles blanche, aux transparences un peu coquines et pas de soutien-gorge, un petit chignon sage.

J’essaie de contrôler mon émotion tant bien que mal lorsque je sonne chez mon voisin. Marcel D. Est un homme pas très grand, au visage assez ridé, à l’allure ordinaire si ce n’est le catogan qui retient ses cheveux. Il est en effet ardu de lui donner un âge.

— Bonjour, Elodie, je vous attendais.
— Bonjour, Monsieur D.
— Que me vaut le plaisir de votre charmante visite ?
— Heu, je vous l’ai écrit, dis-je en essayant d’être la plus naturelle possible.

Mon hôte m’invite à rentrer, en m’enrobant d’un étrange regard, à la fois perçant et neutre, qui me met mal à l’aise. Il m’offre un jus d’orange que j’accepte.

— Je vous écoute !
— Heu, je viens pour les dessins,… les dessins intimes que vous faites de moi.
— Oui, je suis dessinateur, et j’adore croquer les gens au naturel, parfois à leur insu, surtout les jolies jeunes femmes dans leurs gestes les plus intimes. Voulez-vous voir mon atelier et mes dessins originaux ?

Je bougonne un timide oui, et Marcel m’entraîne jusqu’à sa mezzanine. Le couloir est encombré de tables, la première est recouverte de photos, plusieurs me représentent. Je me découvre en peignoir sortant de la salle de bain, en nuisette passant l’aspirateur, demi-nue enfilant un pantalon, etc. Chaque épreuve dégage une ...

... sulfureuse sensualité, comme si mes poses avaient été volontairement osées.

Sur la table d’à côté, beaucoup plus grande, de nombreuses études, correspondant aux photos, dont certaines sont un peu floues. Il a dû préparer ma venue, car je suis l’unique modèle exposé. Je me rends compte qu’il a fait plusieurs esquisses de chacune des photos, avant de réaliser le dessin définitif pour quelques-unes d’entre elles seulement. Un peu plus loin, sous le fameux Vélux, une chaise et un appareil photographique sur trépied avec un imposant téléobjectif. Juste à côté, sur deux panneaux de bois, une dizaine de dessins de taille imposante me représentant, dont les trois dont j’avais reçu copie. Toute cette mise en scène me laisse interloquée, et j’arrive à murmurer :

— Mais vous ne demandez jamais à vos modèles leur autorisation avant de les dessiner ?
— Lorsque je les connais, oui. D’ailleurs, je vous demande, Elodie, de poser pour moi, car votre corps inspire mes fusains de merveilleuse façon !

C’est un comble ! Je suis venu menacer un voyeur qui me mate sans vergogne, et voilà que celui-ci me demande de m’exhiber devant lui ! Je fulmine, et ne sais que répondre. Pour me donner un semblant de contenance, je regarde via l’appareil de photo chez moi. J’aperçois Sophie qui pianote tranquillement sur son PC dans mon petit living.

— Bon, j’y réfléchirai… En attendant, je vous demande de ne plus braquer ce téléobjectif sur ma chambre, dis-je, en faisant pivoter d’un revers de main ...