1. Fauna, je suis à toi (1)


    Datte: 14/07/2022, Catégories: Lesbienne Auteur: airdepanache, Source: Xstory

    ... la bonne personne… Ou peut-être que je l’ai laissée s’échapper…
    
    Elle avait prononcé ces derniers mots aussi près de moi qu’il était possible de le faire sans que nos visages ne se touchent. Une de ses mains serrait fortement la mienne, et l’autre caressait le haut de ma cuisse. Celle qui avait toujours été mon soleil me contemplait avec un scintillement dans les pupilles que je n’avais jamais contemplé chez personne d’autre auparavant.
    
    Et puis soudain je compris ce que ça voulait dire : elle avait envie de m’embrasser. Ce que je lisais sur son visage, c’était du désir, celui d’une fille pour une autre fille. Pas étonnant que je n’aie pas capté plus vite : je n’avais jamais été témoin du phénomène…
    
    Et le fait d’en prendre conscience me fit saisir une autre réalité : moi aussi j’avais envie de l’embrasser.
    
    Je voulais presser ma bouche contre la sienne, l’attirer vers moi, partager son souffle, m’abandonner à sa sensualité. Je le voulais tout de suite. Je le voulais au-delà du raisonnable...
    
    Sauf que c’était exclu. À cette simple pensée, je me mis à paniquer. Je n’étais pas ce genre de fille, je n’avais pas ce genre d’envie et si je les avais, je ne voulais pas le savoir. Au fond de mon cœur, je sentis l’abîme glaciale creusée par le soupçon que j’ignorais complètement qui j’étais. C’était intolérable. Le seul moyen d’évacuer cette idée à tout jamais, c’était de la rejeter, maintenant et pour de bon, et d’ensevelir dans l’oubli ce qui n’était à coup sûr qu’un ...
    ... coup de folie passager.
    
    Brusquement, je retirai ma main de son emprise, chassai ses doigts de ma jambe, et me dressai, raide comme une trique, tremblante, le visage sans doute rouge comme un feu de forêt.
    
    — Il faut que j’y aille, maintenant. On se reverra. Il faut que j’y aille.
    
    Je ne pouvais même pas la regarder. Un seul coup d’œil sur son visage et je replongeais. La situation n’était plus sous contrôle. Je ne pouvais même pas penser à elle sans que cela soit dangereux. Il fallait que je quitte cet endroit, tout de suite, ou il allait se passer des choses que je regretterais, peut-être toute ma vie.
    
    Alors je tournai les talons, je m’en allai sans me retourner, sans lui dire au revoir, portant ma main à ma bouche face à l’ampleur de la honte qui m’enserrait le cœur.
    
    Mais elle ne me laissa pas partir. Fauna me rattrapa, m’intercepta avant que je ne quitte le café, et, avec énormément d’autorité, saisit mes épaules et me plaqua contre une paroi, entre deux colonnes.
    
    J’étais piégée, affolée, apeurée comme un lièvre face aux phares d’une voiture. Il fallait que je quitte cet endroit, que j’échappe à son emprise. Vite. Je tentai de me libérer mais elle ne fit que resserrer son étreinte.
    
    — Calme-toi, dit-elle.
    
    J’obéis, sans même réfléchir. Tous mes muscles se relâchèrent, je cessai de résister et je me pliai à sa volonté, même si en moi, c’était toujours la grosse panique.
    
    Fauna se colla tout contre moi. Son ventre épousa mon ventre, sa poitrine s’écrasa ...
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