Fauna, je suis à toi (1)
Datte: 14/07/2022,
Catégories:
Lesbienne
Auteur: airdepanache, Source: Xstory
C’était elle, j’en étais sûre. Cette fille croisée dans la rue, en ce beau matin d’été, celle qui était déjà en train de s’éloigner. Sa silhouette avait beau avoir changé du tout au tout, ses cheveux sombres teints en auburn, son allure et ses vêtements être devenus ceux d’une adulte, c’était bien elle, Fauna, mon amie d’enfance.
Et puis même si je m’étais trompée, je préférais avoir l’air bête et interpeller une inconnue plutôt que de passer à côté d’une occasion de la revoir. Le cœur tambour battant, la tête pleine de trac, je lui courus après comme une dératée.
— C’est toi? C’est bien toi?
Lorsque la jeune femme se retourna pour voir qui était l’inconnue qui l’interpellait ainsi, je la reconnus avec certitude et je compris qu’elle m’avait reconnue elle aussi. On fondit dans les bras l’une de l’autre, on se serra très fort, comme le font deux amies qui se croyaient inséparables et qui ne s’étaient plus vues depuis plus de dix ans.
Fauna et Marie, Marie et Fauna, ça avait été notre quotidien depuis que nous avions cinq ans, lorsque nous avions fait connaissance à un cours de danse pour petites filles. Immédiatement, elle devint mon univers et nous passâmes tout notre temps ensemble. Vraie tête brûlée, la gosse de riches aux origines italo-libanaises était plus vive, plus brillante et plus libre que tous les enfants de notre âge.
Elle prit l’habitude de m’entraîner dans des histoires invraisemblables, de commettre des bêtises légendaires qui nous attirèrent ...
... des embêtements pas possibles, mais surtout une joie que je peine à décrire. C’était toujours elle qui menait, et moi j’étais sa fidèle complice, fiable même si plus timorée. Je l’appelais « mon soleil », elle me surnommait « poupée » – oui, ne vous inquiétez pas, j’ai eu l’occasion d’en parler à ma psy.
La dernière fois que je la vis, nous n’avions pas encore treize ans. Ses parents, une spécialiste du capital-risque et un artiste d’envergure internationale, venaient de décider de déménager à Singapour, et il n’y avait rien que nous puissions faire pour empêcher ça. Je me souviens encore de notre dernier après-midi. Les larmes n’arrêtaient pas de couler.
— Fauna, je suis à toi, lui dis-je au moment de se dire adieu.
— Je reviendrai et je t’épouserai, me répondit-elle.
C’étaient les mots mal choisis de deux petites filles qui s’aimaient très fort. Aujourd’hui encore, je peux affirmer que personne ne m’a aimée avec une telle intensité que cette amie d’enfance qui m’a marquée plus que n’importe qui d’autre.
La distance, cependant, eut raison de notre lien. Nous tentâmes de garder le contact par mail et par les réseaux, mais ce n’était pas la même chose. Peu à peu, nos vies reprirent le dessus et chacune continua sa route de son côté.
Jusqu’à ce matin.
Était-ce le plus beau jour de ma vie ? En tout cas, elle et moi, on se mit à pleurer de bonheur à ces retrouvailles, sous les yeux médusés des passants.
Elle avait toujours été jolie mais elle était devenue ...