1. France rurale (6)


    Datte: 27/06/2022, Catégories: Gay Auteur: Calinchaud, Source: Xstory

    ... les habitants du village, bavardant avec eux de tout et de rien, Thérèse virevoltant au bras de son mari, avec un sourire et une aisance qu’ils n’avaient pas vus depuis longtemps.
    
    Rentrés à la maison, elle a voulu se changer pour préparer le repas, mais avant qu’elle puisse le faire, je l’ai poussée vers la salle à manger, si peu utilisée, où une table de fête était dressée. Je m’étais mis d’accord avec Rose la veille, et elle avait tout préparé, un déjeuner et une table digne de Noël, au bout de laquelle un large fauteuil trônait. J’ai forcé Thérèse à s’y assoir, son mari à sa droite, son fils aîné à sa gauche, Michel et moi de part et d’autre. Rose est arrivée dans la pièce, habillée de noir et avec un petit tablier blanc que j’avais acheté en douce aussi, nous servant tous, et surtout avec la plus grande attention pour Thérèse, je voulais qu’elle soit comme l’Impératrice Eugénie.
    
    Le soir même, elle a quitté sa chambre pour rejoindre celle de son mari et pour une fois, ce n’étaient pas mes hurlements de jouissance qui avaient empêché la maisonnée de dormir, mais les siens, Jean, Michel et moi, chacun dans notre chambre, le plaisir n’était pas pour nous, mais pour les parents.
    
    Le lendemain matin, pour la première fois, Thérèse nous a rejoints en dernier, des valises sous les yeux, contemplant la table prête, que j’avais préparée. Une fois seuls tous les deux, elle s’est adressée à moi :
    
    — Comment faire pour te remercier Marc... Je ne sais toujours pas si tu ...
    ... es le diable ou un ange.
    
    — Le plus beau des remerciements, c’est de me permettre de rester avec vous.
    
    — C’est tout ?
    
    — C’est le plus beau des cadeaux, non ?
    
    Notre vie sereine a continué. Je ne partageais le lit de Pierre que de plus en plus sporadiquement, celui de Jean quand il avait besoin de se vider les couilles, mais mon amour allait à Michel. Je l’adorais, je l’adulais, je le vénérais. En taisant cette vénération que j’éprouvais pour lui, réciproque, mais en ces temps-là, on ne pouvait pas l’avouer, même si je partageais la quasi-totalité de mes nuits avec lui, et les jours aussi, dès qu’on pouvait se retrouver.
    
    Au bout de quelques mois, Thérèse, en femme de tête, a réuni toute la famille pour tout mettre sur la table.
    
    — J’ai pris une décision et j’attends qu’elle soit respectée, en totalité.
    
    — Marc, tu es avec nous depuis presque deux ans, tu partages notre vie, tu nous as permis de retrouver une harmonie que nous avions perdue depuis longtemps avant ton arrivée, pour le bonheur de nous tous.
    
    — Je sais Thérèse, c’est mon bonheur aussi.
    
    — Tais-toi.
    
    — Jean va se marier bientôt, il va perpétuer le clan familial, mais je sais que Michel ne le fera jamais.
    
    — Mais pourquoi ça ??? Il est jeune, il a le temps...
    
    — Tout simplement parce qu’il est fou de toi, comme tu es fou de lui, jamais Michel ne pourrait être à quelqu’un d’autre que toi.
    
    — Je sais Thérèse, vous avez raison... Laissez-moi partir, je ne veux pas gâcher sa vie, je l’aime ...