1. France rurale (6)


    Datte: 27/06/2022, Catégories: Gay Auteur: Calinchaud, Source: Xstory

    Nous nous sommes tous retrouvés, le lendemain matin, pour partager notre petit-déjeuner. Au moment où je me levais pour rejoindre les ouvriers, Thérèse m’a intimé l’ordre de rester.
    
    — C’est jeudi aujourd’hui, jour de marché à la ville, et Jean m’y emmène pour y faire des courses. Tu viens avec nous.
    
    — Mais Thérèse, je ne peux pas... Il y a beaucoup de travail...
    
    — Tu ne discutes pas Marc, il y a assez d’hommes pour ça.
    
    Nous sommes montés dans cette camionnette que j’utilisais pour la deuxième fois de ma vie, Jean au volant et Thérèse entre lui et moi. Ce n’était pas vraiment une ville à proprement dit, mais plutôt un gros bourg, et pendant que Jean allait voir tous ceux qui vendaient la production maraîchère de la ferme (je n’avais pas encore remarqué qu’elle représentait une part importante de l’exploitation), Thérèse et moi avons parcouru les étals remplis de produits si variés que je ne connaissais pas pour la plupart. Son large cabas ainsi que les deux miens se remplissaient peu à peu, de sel, d’épices, de pains de sucre, de viandes diverses, puis ensuite, d’ustensiles de cuisine, et enfin, terminant par le dernier, chargé de tissus, de fils de coton ou de laine, qu’elle choisissait d’une manière très sure. Le choix n’était quand même pas énorme, la fin de la guerre était encore proche, mais Thérèse avait l’œil pour ne prendre que de la qualité.
    
    Au sortir du marché, Jean est venu nous rejoindre, récupérant nos lourds paquets pour les déposer à l’arrière du ...
    ... véhicule. Leur famille était tellement respectée que l’idée ne serait venue à quiconque d’en subtiliser le moindre objet, surtout qu’il était l’objet d’une discrète surveillance de chacune des personnes présentes.
    
    — J’ai faim Maman, on va manger ?
    
    — Ben, nous aussi Jean, on est affamés tous les deux, n’est-ce pas Marc ?
    
    — Oh que oui... Autant que si j’avais rempli les bottes de foin.
    
    Alors que je m’attendais à partager un panier-repas, l’impensable pour moi s’est produit. Nous nous sommes dirigés vers un restaurant... Un vrai... !!! Je n’avais jamais vu ça de ma vie. Je savais que ça existait, bien sûr, mais pour moi, ça correspondait davantage à des troquets qui servaient de la nourriture à des ouvriers, après s’être avinés au comptoir.
    
    C’était un VRAI restaurant, propre, avec des tables nappées, un choix de plats inscrits sur une ardoise à l’entrée. J’étais tétanisé devant l’entrée, n’osant en franchir le seuil. Jean l’a remarqué, et de sa démarche virile, il est venu me récupérer, me forçant à m’assoir.
    
    — Tu as envie de quoi ? Prends ce qui te fait plaisir... !!!
    
    Je crois que mon émotion, ma joie étaient tellement fortes que je ne trouverais pas les mots pour vous la décrire, comme un enfant d’aujourd’hui dans un magasin de jouets.
    
    — Continue ta tournée Jean, il nous reste encore quelques achats à faire avec Marc.
    
    Elle m’a conduit jusqu’à une boutique de vêtements très bien achalandée, aussi bien pour femmes que pour hommes. En même temps, elle ...
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