... Tout vient à point à qui sait... - Histoires de Sexe

... Tout vient à point à qui sait...

... l’esprit ailleurs. Loin. Ce que peu avait compris, et beaucoup ne comprendrait jamais, elle, après m’avoir cerné, s’en servit, le fit sien, de cet instant. Sans en abuser, mais juste pour la provoquer, la magnifier, cette rencontre attendue, désirée depuis toujours.

J’étais plongé dans mes pensées, loin en moi, d’elle, lorsque, pour la seconde fois de mon existence, je l’entendis avec le même plaisir mon prénom.

— T’as du light ? perçus-je mollement… Pierre-Yves !

Si elle avait haussé le ton, ce ne fut pas la puissance qui me réveilla, mais bel et bien de l’entendre prononcer un prénom détesté jusqu’alors. Dans sa bouche, plus que l’apprécier, je le portais enfin fièrement, ce prénom rejeté.

— Non. Désolé.
— Pas grave. Y’en a pas loin.

Je la regardai se lever, sachant maintenant que le pas loin était derrière la seconde porte du palier, pensant qu’elle allait la chercher cette drogue sienne, en me privant de la mienne, elle. Elle sortit son trousseau de clefs de la poche de son imperméable, puis, plutôt que se rasseoir, elle le retira, cet imperméable que j’avais si délicieusement observé en la suivant, et me le tendit en disant :

— Prends-en soin. J’y tiens vachement.

J’appréciai de la voir se rasseoir, puis croiser les jambes, avant de sortir.

Dans son entrée, un seul et unique cintre attendait, patiemment accroché à un seul et unique crochet. Avec un soin extrême, puisqu’elle y tenait énormément, je l’accrochai, puis le lissai plusieurs fois ...

... d’une main délicate afin d’en supprimer un inexistant pli. Après avoir vérifié qu’il pendait parfaitement, je repris ma route.

Son intérieur, tout aussi cosy et blanc que le mien était moderne et noir, tout aussi meublé, quoique sans excès, que le mien était épuré au strict minimum, m’accueillit. Mais elle avait soif, et j’avais une mission, aussi allai-je jusqu’au réfrigérateur, renfermant autant de bouteilles de coca light que le mien gardait de bières au frais, puis je pris le chemin du retour sans prendre, perdre plutôt, plus de temps.

Elle n’avait pas bougé. Elle attendait. M’attendait. Moi. Ce Pierre-Yves qu’elle connaissait depuis la primaire.

Bouteille en main, j’allai chercher un verre.

— T’as pas soif ? me demanda-t-elle lorsque je déposai un seul verre sur la table basse.

Sans lui répondre, je la servis.

— Ha ! bah ! non ! Paille ne marie pas les plaisirs.

Putain ! ce rire ! Qu’il m’était doux. Et enfin reconnu. Plus grave, mais pas très différent pour qui s’en souvenait maintenant. Parfaitement.

— Non. Là, m’invita-t-elle à m’asseoir, en tapotant de la main.

Un peu déçu, perdant ainsi une vue frontale pour le moins agréable, j’obéis, fixant son pied se balancer lentement. Ce qui, somme toute, combla ma déception d’un plaisir autre, mais tout aussi hypnotisant.

— J’croyais que t’fumais que l’cigare, me révéla-t-elle qu’elle savait que j’appréciais leur force plutôt que la douceur d’une cigarette, sans pourtant m’avoir vu faire.
— Que le ...