À Paris - Histoires de Sexe

À Paris

... perçois soudain un truc qui n’est pas dans le manuel, ou alors je suis passé à côté. Quand le plaisir monte chez l’homme, que l’orgasme approche, le pénis s’y prépare et change de forme, devient un peu plus fin et un peu plus long. À bien y réfléchir, je suppose qu’un gonflement excessif nuirait à la bonne progression du sperme dans l’urètre, ça doit être « étudié pour », comme disait Fernand. Il n’empêche que ça ravit ma dulcinée qui se met à brailler « vas-y, vas-y » et nous partons dans les étoiles ensemble dans un chœur d’onomatopées expressives. Le pied !

— Oh, mon Jérôme, mon chéri, mon amour, râle Gwen. Oh là là, ce truc… C’est pas possible. Vite, vite, s’il te plaît, la boîte de kleenex, tu viens de me faire un lavement carabiné !

Et la voilà encore une fois partie aux toilettes en urgence, mais cette fois avec les mains entre les fesses, ce qui est peut-être plus élégant. Elle passe une tête :

— Va vite te laver, il paraît qu’il ne faut pas traîner, sinon gare à l’infection urinaire.

On s’est vite mis sous la douche, on a lavé nos instruments, et puis on est resté sous la cascade tiède, serrés l’un contre l’autre, les yeux dans les yeux, à se bécoter et se dire des mots doux.

— Je t’aime…
— Je t’aime…
— Je suis heureux…
— Je suis heureuse…

C’est simple, c’est bon, mais ça ne peut pas durer. Avec Gwen, ça finit toujours en quenouille :

— Je suis ravie de ne pas avoir de vélo, dit-elle en s’essuyant le derrière avec une grimace.

Je suis ...

... désormais en vacances pour trois mois, pas Gwen hélas, et je dois rentrer au foyer familial, ne serait-ce que pour ne pas éveiller de soupçons sur ces amours un brin coupables. J’y rentre cependant avec deux objectifs précis : passer mon permis de conduire, financé sur mes petites économies, et faire avaler une énorme pilule à mon paternel : financer les quatorze mille euros annuels de frais de scolarité à HEC. Une paille ! Dans un premier temps, la fierté est de mise. Mon père ouvre même une demie (si, si !) bouteille de champagne pour fêter l’événement.

— Mon fils, je suis fier de toi. Quand on a appris la nouvelle, un collègue m’a dit « entrer à HEC à dix-neuf ans, c’est exceptionnel ». Tu fais la fierté de notre famille, je te félicite.

C’est au cours du dîner que les choses se gâtent, lorsqu’il me demande quels sont mes projets. J’évoque le permis de conduire, première grimace. Je précise que j’ai fait quelques économies sur le chapitre « transports » en marchant beaucoup, ce qui devient :

— Tu fais des économies sur notre dos !

Pour une fois, Béatrice intervient :

— Edmond, tu devrais féliciter ton fils d’avoir bien géré son petit pécule et non pas le lui reprocher. Moi, je trouve cela très bien, très responsable. Et même, pour le récompenser, je vais le lui payer son permis.
— Ah, c’est nouveau, ça. Me voilà face à une coalition, c’est inouï ! Je me range donc à la majorité, mais ce qu’il n’a pas dépensé, logiquement il devrait me le rendre…

Le silence se ...