À Paris - Histoires de Sexe

À Paris

... du patron sur les postes de travail.

— Mais que devient mon rôle alors ?
— Papa, tu voudrais que je reprenne l’usine, mais moi je n’ai pas fait tous les postes comme toi. Et je n’ai pas l’intention de m’y coller. Le patron, c’est le chef d’orchestre, ce n’est pas le violoniste, le trompettiste et le trombone réunis.
— Mais, mais, mais… c’est sur mon salaire alors qu’il faut prendre ces augmentations…
— Pas du tout, ça n’a rien à voir. Il faut sortir de ta tête l’image de « petite entreprise familiale ». Il faut une organisation et un management qui correspondent à notre époque. Le patron doit piloter le navire, pas monter dans les huniers pour carguer les voiles. Si tu as confiance en ces personnes, montre-leur et délègue-leur ces tâches. Ils en sont fort capables avec toute leur expérience.
— D’accord, d’accord… Hum… Et puis c’est vrai qu’il faut du temps et de l’énergie pour trouver de nouveaux marchés. J’y passe un temps fou…
— Oui, eh bien justement, là aussi, ce n’est pas ton rôle. Qu’il t’arrive de tomber sur des opportunités lors de rencontres avec tes copains de golf ou de chasse, pourquoi pas. Mais tu reviens avec l’information et tu la transmets au commercial qui prend la suite et concrétise le marché.
— Mais tu te rends compte de ce que tu dis, Robert sera incapable de mener ce genre d’opération. Il va juste promener ses valises en frappant aux portes qu’il pousse depuis trente ans.
— Nous sommes d’accord. Il est temps de le remplacer par un jeune loup ...

... aux dents acérées. Il en sort des wagons chaque année des écoles de commerce.
— Mais qu’est-ce que je fais de Robert ? Je ne peux pas le virer à trois ans de la retraite ?
— Non, bien sûr. D’abord il peut faire du « tuilage », transmettre et accompagner le nouveau sur son carnet d’adresses. Ensuite, il faut voir si une pré-retraite n’est pas envisageable. Il doit fatiguer à faire quarante mille kilomètres par an. J’aurai une discussion avec lui.
— Si tu veux. Mais alors moi, qu’est-ce que je vais faire ?
— Di – ri – ger, faire des choix, sentir les tendances et adapter l’entreprise immédiatement, vérifier que tout se passe comme tu le souhaites, veiller au bon fonctionnement et aux meilleures conditions de travail, écouter les gens… Et puis surtout, prendre du temps pour toi. T’occuper de Béatrice et la rendre heureuse. Faire un tour régulièrement chez le toubib. Aller de temps en temps au golf, la chasse j’aime moins.
— Je t’avoue que je n’ai jamais rien tué. À part deux coups pour savoir s’il fonctionnait, mon fusil est neuf.
— Alors, revends-le et glisse-toi dans la peau d’un patron moderne, qui vient, qui parle avec deux ou trois employés pour garder le lien, qui contrôle quelques produits finis, au hasard, les chiffres du mois à la compta, et puis qui repart parce qu’il a des « obligations » de patron.
— Je veux bien essayer, mais je ne suis pas sûr que ça me plaise…
— En attendant, emmène ta femme en vacances !

J’ai beaucoup discuté avec les employés. Il faut ...