Confinement - Histoires de Sexe

Confinement

... d’huile, et dans son autre seau les bricoles restantes, farine et sucre.

— Ça va aller ?
— Oui, je crois. Attends, je vais perdre un peu de ma charge avant de grimper, je nous ai pris un solide déjeuner.
— Bien ! Je dois être un brin dans la lune, je n’y ai même pas pensé. Maintenant que tu le dis, j’ai faim.

On se planque dans les premiers arbres et elle nous sort deux énormes burgers avec deux bouteilles de coca.

— Super ! T’as trouvé ça où ?
— Pendant que tu étais au bricolage. Tu sais, ils ont une cafet’, fermée bien sûr, mais ils font des trucs à emporter. J’ai pensé qu’on en aurait bien besoin, j’ai demandé des doubles.
— Tu as très bien fait. Ça fait combien de temps qu’on n’a pas mangé de bidoche ? Presque un mois…

Nous mangeons doucement, en mâchant bien, pour que la digestion soit facile et sans problème. Je lui demande d’entamer ma bouteille de coca. Je veux bien le sucre et la caféine, mais pas le gaz. Alors je secoue.

— Excuse, je ne savais pas, sinon je t’aurais pris autre chose. Tu préfères quoi ?
— Un coup de rouge. Mais ça, c’est parfait pour l’énergie nécessaire.
— C’est vrai que tu es chargé comme un mulet. Ça pèse combien tout ça ?
— Le pain, ce n’est pas très lourd, c’est volumineux. Sur le ventre, je n’en ai que sept ou huit kilos. Et puis à peu près comme toi dans le dos et cinq dans chaque main.
— Oui, plus de trente kilos, quoi. On échangera en cours, si tu veux. Au moins les bagages de mains.
— Attends, tu pèses combien ?
— ...

... Cinquante-cinq, pourquoi ?
— Et moi quatre-vingt-cinq. Donc vingt kilos pour toi, c’est en gros trente-cinq pour cent de ton poids, et si tu prends trente-cinq pour cent de mon poids, ça fait trente kilos. Donc, égalité !
— (sifflement) Cha-peau, Herr Professor ! Et tu penses tout, tu analyses tout comme ça ?
— Pfff ! Ben non, heureusement, sans compter toutes les fois où je me goure.
— N’empêche que tu nous as fait un itinéraire au petit poil, tu nous as menés dans un endroit aux petits oignons, sauf pour les courses, là c’est pas top. On a de la chance d’être avec toi.
— Je ne sais pas… on verra la suite.

Pour en chier, on en a chié ! Pardon, mais je ne vois pas d’autre mot pour exprimer les efforts qu’il a fallu faire. À un moment, Florence a ralenti en se tenant les côtes. Point de côté.

— Désolée, mais putain, ça fait mal, dit-elle, bouche ouverte cherchant l’air…
— Pose ton chargement cinq minutes, ça va passer. C’est un problème de respiration. Au lieu d’aspirer, souffle à fond… encore, encore, encore… Là, tu laisses ta poitrine se regonfler naturellement et tu recommences… Voilà… Allez, encore… Bien.
— Ah ouais, c’est moins fort.
— Quand la marche est pénible comme ça, il ne faut pas chercher à aspirer sans cesse, c’est un mauvais réflexe, on le fait tous. Et on oublie de souffler. Résultat, on agite l’air dans l’entrée des bronches, mais au fond c’est toujours le même air résiduel, qui finit par perdre tout son oxygène et le gaz carbonique empoisonne ...