Une petite Bastille ? - Histoires de Sexe

Une petite Bastille ?

... n’est pas spécialement connue pour être un lieu de rencontre, et encore moins en pleine journée. Je ne connaissais d’ailleurs personne qui ait rencontré de mec en l’abordant frontalement pendant un footing. C’était comme ça, il fallait se contenter des saunas et de Grindr, regrettais-je. Je repensai à mes premiers pas sur la célèbre app’ de rencontre. Totalement ignorant des pratiques, je m’étais fait un profil discret et j’avais été flatté d’avoir immédiatement un certain succès. J’avais pu, en quelques mois seulement, faire tout un voyage dans le monde gay qui s’offrait à moi. D’abord, j’avais possédé avec force entrain des petits mecs avides de caresses. Puis je m’étais frotté avec d’autres, plus de mon âge. J’avais sucé pour la première fois et par suite, découvert les centres de santé départementaux – bénis soient-ils – où je fis mes premiers tests de dépistage. Et enfin, un jour, au comble de l’excitation, j’avais tendu mon petit boule à un beau blond qui m’avait pénétré langoureusement. Zéro regret au compteur. Encore maintenant, il m’arrivait de passer des soirées entières à zoner dans ce supermarché du sexe, allumant sans vergogne et me fondant parmi les dialogues féroces que je devinais se tenir derrière chaque photo, jusqu’à l’extase.

Mais, malgré tout, l’appel du réel avait fini par se faire sentir. L’incertain, le direct, le frisson, l’improvisation, quoi ! Ça avait son charme. Et c’était la promesse de ne jamais se lasser d’un monde aux mille facettes qui ...

... dépassait largement les petites lucarnes de Grindr. J’avais donc le secret espoir de parvenir moi aussi à faire des rencontres « à l’ancienne ». Impromptues, sauvages, authentiques. Et j’étais prêt à donner de ma personne pour cela. Je n’allais pas être déçu.

Arrivé à la terrasse, tout en haut, je m’arrêtai quelques minutes pour boire à la fontaine et admirer le paysage. La ville s’étendait devant moi, à l’infini, aurait-on dit. Il y avait déjà plusieurs groupes qui reprenaient leur souffle comme moi. Accoudé à la rambarde, à ma droite, un mec plus jeune avec un short par-dessus un legging semblait exténué.

STOP ! Entre nous, tout d’abord… Soyons sérieux deux minutes, messieurs : c’est soit short soit legging. Pas les deux. Soit vous assumez le collant soit vous encaissez le froid. Au pire du pire, pourquoi pas un jogging un peu classe, gris chiné, avec un petit nœud en lacet blanc sur le devant, classique. Pourquoi pas. Mais short plus legging, au fond de vous, j’en suis sûr, vous savez que c’est faire le choix de l’immaturité.

Mais revenons à nos moutons. Il avait beau porter un short par-dessus son legging, il était vraiment mignon, ce p’tit gars. D’ailleurs son short trahissait sans aucune ambiguïté sa condition physique fort avantageuse. Il avait une petite bouille à tout lui pardonner, même les pires choix vestimentaires. J’entrais alors dans un conciliabule intérieur. Je sentais bien, en moi-même, que j’étais plutôt dans une période « passif ». Ce n’était pas si ...