1. Le jour du jugement dernier (1)


    Datte: 16/05/2022, Catégories: Divers, Auteur: Anthynéa, Source: Xstory

    ... peur. Qu’est-ce qu’il baragouine à un fantôme tout en blanc celui-ci ?
    
    — Marie... je t’aime !
    
    Où est-il celui qui fredonne ces quelques mots ? Pas là à mes côtés, sinon, il me tiendrait la main. Michel, la voix me rappelle celle de mon Michel, mais pourquoi ne se montre-t-il pas ? Un clown, charlotte sur la tête me fixe du regard, me tient le poignet. Je ne perçois que des bribes de ce qui m’entoure, que de petites parties de ce qui se raconte dans mon entourage. Réveillée ? Qui a demandé si j’étais réveillée ! Bien sûr que je le suis, mais mes paupières sont trop lourdes pour se soulever.
    
    Mes oreilles filtrent aussi de manière bizarre des sons épurés qu’elles ne parviennent pas à décrypter. Je suis entre le monde des vivants et celui du zombie que je deviens. Mon mari ? Comme il me manque et pas seulement lui ! L’envie de lui aussi est là, chevillée à mes tripes comme si c’était vital que je m’accroche à l’idée que j’aime faire l’amour avec cet homme, invisible dans mon ciel blanc. Il y a également ce bip qui vrille mes tympans et me donne des frissons. J’ai l’impression très nette que je suis moins lourde d’un coup.
    
    Mon corps ne repose plus tout à fait de la même manière. Comme si j’avais bougé sans faire un seul mouvement. J’en serais, j’en suis bien incapable du reste. Notre salon... mon canapé, il demeure d’une clarté inconnue, plus pâle qu’à l’accoutumée. Cette fois un pantin tout rose me passe quelque chose de frais sur le visage. Je tente de sortir ma ...
    ... langue pour voler au passage un peu de cette humidité qui me donne un plaisir soudain. Ah ! Un truc me pénètre dans le cerveau... et mes paupières se soudent plus hermétiquement encore.
    
    Je réalise que ce sont des mots, jetés en vrac, que ma cervelle se refuse à analyser. Je sais que je sais ce qu’ils veulent dire, mais je ne suis pas en capacité de faire l’effort pour en saisir le sens véritable. Ils sont là, c’est tout, ils sont pour moi, c’est indéniable, mais je ne peux pas m’en servir. Ni même les étudier pour les décortiquer. Est-ce que mes lèvres remuent ? Une chape de plomb s’est abattue sur mon corps tout entier. La fleur rose n’est plus là, il n’y a plus que la lente monotonie du plafond qui est sous moi ?
    
    Sous moi ? Alors je suis la tête en bas ? Pourquoi ? Un courant d’air me souffle sur le front. Je navigue dans des mers et des océans sans que jamais une seule côte ne soit en vue. En route pour mes Indes à moi ? Pour mon Amérique ? Et les images de la nuit d’hier. Celle où nous avons fait si bien l’amour. Il ne cherche pas à me caresser pour me rendre au monde ? Qu’est-ce que tu fiches Michel ? Ne me laisse pas sombrer corps et âme dans un abyme de néant. S’il te plaît ! Viens me donner la main.
    
    Caresse-moi, de cette si subtile manière qui éveille tous mes sens. J’ai besoin que tu me touches, que tu me murmures des mots doux. Le soleil brille depuis trop longtemps. Dieu est-il dans ce groupe qui vient de traverser ma lumière ? Ils ronronnent tous et je ne ...
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