1. Le jour du jugement dernier (1)


    Datte: 16/05/2022, Catégories: Divers, Auteur: Anthynéa, Source: Xstory

    ... désormais souffrir. J’ai des difficultés pour respirer. Les mots ne veulent même plus sortir pour franchir le seuil de ma bouche. Je sombre lentement, mais sûrement dans une léthargie très mal venue.
    
    — Tu as faim ? Eh ! Marie, ma chérie ça n’a pas l’air de s’arranger ton affaire !
    
    —... !
    
    — Bon je crois que le docteur va devoir revenir. Ce n’est pas normal d’être dans un pareil état pour une grippette ou un rhume.
    
    —...
    
    Pas moyen de comprendre et encore moins de répondre à ce que mon mari me raconte. Mes poumons me brûlent et j’ai l’impression qu’un feu s’est allumé partout dans ma poitrine. Je suis fatiguée et rien ne peut plus stopper mes maux de tête. Ma caboche aussi est totalement dans la ouate, mais un coton épineux. Je ne sais plus trop où je me trouve, ni même qui est cet homme qui gesticule devant ma couche. Il m’éponge le front, me frôle la joue. Seule l’intonation se veut rassurante, j’avoue que je suis si mal que je n’en ai rien à faire.
    
    Quelque chose de frais s’est posé juste au-dessus de mes seins. Ça bouge lentement et je ne cherche pas à savoir de quoi il s’agit. Je deviens aérienne, et me sens transportée dans les airs. Je suis ballottée à droite et à gauche et un bruit strident par intermittence vient couper mes apnées de plus en plus longues. Je me noie dans un air brulant. Ma respiration... je crois qu’elle fait un bruit de sirène ? Je dois délirer tout mon saoul.
    
    Merveille des merveilles ! De l’air frais entre dans ma poitrine. C’est ...
    ... trop bon ! Je ne reconnais personne, et des anges en blanc, en vert et même en rose s’activent tout autour de moi. Ce que je respire est plus pur, moins compliqué aussi à inspirer. Un de mes bras est tripoté et une abeille vient ficher son dard dans ma peau. Cette fois je sombre, je coule dans un bienheureux torrent de calme. Plus personne ne bouge dans ce qui me reste comme champ de vision. Je suis dans un univers aux couleurs tendres, des pastels dont je ne sais rien.
    
    — oooOOooo —
    
    Premier jour chez les anges
    
    Michel m’embrasse et j’adore ce petit bisou affectueux. Les contours de tout ce que je regarde sont déformés, partiellement imparfaits. J’ai de la lave qui coule dans mes veines et je me sens envahie par un besoin de chantonner. Je revois mes parents qui marchent sur les chaumes. Nous allons à la cueillette des myrtilles qui serviront à faire de bonnes tartes, de la confiture également. Qui est-ce, cette gamine qui court au milieu des arbrisseaux, qui se fait rappeler à l’ordre par papa ? Pourquoi ai-je autant rétréci ? Et où se cache mon Michel ?
    
    J’ai huit ans et je me vois de l’extérieur de moi ? C’est aberrant, fou, c’est idiot, mais pourtant, tout semble si vrai. Les baies violettes qui me tachent les lèvres, premier gloss d’une fillette espiègle. Puis pourquoi est-ce que j’ai besoin de ce truc sur la bouche pour me sentir bien ? Un ange bleu est là qui soulève ma paupière. Il me colle du soleil dans la pupille. Je voudrais lui dire que j’ai soif, que j’ai ...
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