1. Happy End


    Datte: 10/05/2022, Catégories: fh, extracon, hotel, amour, fsoumise, cérébral, revede, Voyeur / Exhib / Nudisme miroir, caresses, Oral pénétratio, extraconj, Auteur: Volnay-a, Source: Revebebe

    ... suivent, j’ai plusieurs entretiens avec Charles Marquenterre, et ses psycho-trucs (pour les curieux psycho-socio, psycho-sexo et neuro-psycho). De notre première rencontre à la catastrophe finale, ils commencent par me faire revisiter toute mon histoire avec Jeanne. Oui ! Jeanne dont, après quelques questions, j’ai rapidement avoué que, plaqué par elle dix ans plus tôt, sans avertissement ni explications, et malgré mes efforts pour l’oublier, je n’ai jamais totalement digéré l’abandon. Vient ensuite l’exposé de la stratégie et des tactiques qui seront mises en œuvre en fonction des habitudes de la cible, Jeanne en l’occurrence. Ce mot me dit Charles Marquenterre est employé pour des raisons déontologiques car les spécialistes de Happy End doivent éviter tout affect. J’ai également droit à un entraînement spécifique (pick-up training en franglais) pour apprendre à orienter ma première conversation avec la « cible » dans un sens favorable à mon projet. Après ? Rien pendant deux mois !
    
    J’en suis à me dire qu’on m’a joué un tour genre caméra cachée quand je trouve dans ma boîte aux lettres une enveloppe siglée Happy End. À l’intérieur il y a un billet pour un concert classique, salle Gaveau, et une première facture à régler dans les dix jours « si satisfaction ».
    
    J’ai le nez plongé dans le programme du concert quand j’entends « Tiens ! Tu es là ! » J’hésite une ou deux secondes. Juste le temps de me dire que oui, c’est bien Jeanne qui vient de prononcer ces trois mots en ...
    ... s’asseyant à côté de moi. L’entrée du chef d’orchestre et les applaudissements qui vont avec me dispensent de répondre autre chose qu’un très neutre et très court « Bonsoir Jeanne ! »
    
    Pendant le concert nous nous observons à la dérobée. Rien que de brefs regards de côté et quand nos yeux se croisent, nous détournons la tête. Les derniers bravos éteints, nous quittons ensemble le théâtre. Elle me demande :
    
    — On prend un verre ?
    
    J’accepte même si je suis mal à l’aise. L’efficacité de Happy End me trouble. Comment ont-ils fait pour savoir que Jeanne occuperait cette place. Je dois aussi m’avouer qu’il est pénible de découvrir que mes blessures d’amour (ou d’amour-propre) n’ont pas cicatrisé aussi bien que je l’imaginais.
    
    Au coin de la rue de Miromesnil et du boulevard Haussman, une brasserie à moitié vide nous accueille. Jeanne se glisse sur la banquette, je lui fais face. Même si nous savons tous les deux que ce n’est pas vrai, nous commençons par nous dire que nous n’avons pas changé. La vérité c’est que dix ans ça transforme tout, les gens et les choses. Il y a dix ans Jeanne était jolie, maintenant elle est belle. Et elle, comment voit-elle l’homme que je suis devenu et qui n’a plus grand-chose de l’étudiant timide et mince qui lui tenait la main dans les allées du Luxembourg ?
    
    — À quoi tu penses ? demande-t-elle.
    — Rien d’important !
    
    Suivent une série de ces phrases convenues dont la banalité rassurante laisse à la conversation la possibilité d’emprunter ...
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