Une belle et un râteau
Datte: 24/04/2022,
Catégories:
fh,
Collègues / Travail
amour,
caresses,
mélo,
rencontre,
Auteur: Roy Suffer, Source: Revebebe
... expliquez-moi, c’est du transformisme…
— Ah ! C’est une longue histoire. Avant d’entrer dans votre entreprise, j’étais sans cesse ennuyée par des messieurs sans scrupules. Du chef de service au patron en passant par son fils, ils auraient tous voulu que je passe par leur lit pour avoir une promotion fulgurante. « Promotion canapé » en quelque sorte. Et le simple fait de refuser systématiquement m’a reléguée à des tâches subalternes. La punition ou la soumission. Je suis donc partie et j’ai développé une stratégie : les moches, personne ne les embête. Des fringues vagues dans les gris, du gel dégoûtant sur les cheveux qui paraissent gras, des grosses lunettes fumées, et le visage est caché. Sous mes vêtements vagues, je porte un gilet matelassé qui me fait plus grosse que je ne suis, gommant fesses et poitrine, et depuis j’ai une paix royale. Vous m’avez embauchée sur mes diplômes et mon expérience, je fais mon boulot dans mon coin et tout le monde m’oublie.
— Incroyable ! Surtout d’être obligée d’en arriver là. D’ailleurs je pensais à vous tout à l’heure en me disant : « On devrait l’appeler Caroline Muraille, aussi terne que les murs ».
— C’est bien le but recherché. Mais… motus ! Nous connaissons maintenant chacun les petits secrets de l’autre.
— Bien sûr. Mais l’été, ce doit être horriblement chaud et difficile à supporter ?
— Un peu, oui. Une quinzaine de jours en juillet et une semaine en septembre, en gros. Je sue beaucoup, je bois beaucoup, pas besoin de régime ...
... ni de jogging pour rester svelte. Et puis une grosse qui sue, vous imaginez, ça doit puer !… Je suis totalement tranquille.
— Ah ! Je n’imaginais pas… Notre société est bien pourrie, quelque part…
— Allez, je prépare notre dîner, « spaghetti alla bolognese » arrosés d’un Lacrima Christi, ça vous va ?
— Bien sûr, j’adore ça. Je me ressers un verre si vous permettez.
— Tout est permis, mais vous allez avoir du mal à repartir.
— Tant pis, je suis bien ici. Enfin, pardon, je vous encombre, vous et votre colocataire…
Nous rions, je ris pour la première fois depuis… une semaine. C’est vrai que je suis bien là. Je me sens en confiance, en sécurité, dorloté, exactement ce dont j’avais besoin, là où je devais être ce soir.
— Caroline, j’ai une demande à formuler : j’ai envie de fumer.
— Oui je m’en doute, un de vos gros défauts. Pas de problème, vous fermez la porte du couloir, vous ouvrez une fenêtre, de toute façon je vais mettre la hotte pour faire griller les oignons.
— Merci… Ah zut ! J’ai oublié mes clopes dans la voiture, je descends vite fait.
— Mais non, regardez dans le tiroir… oui là. Il y a ce qu’il vous faut.
Je trouve une cartouche de MES cigarettes. Là, je commence à m’étonner sérieusement. J’en allume une.
— Dites-moi Caroline, ça commence à faire beaucoup de coïncidences, tout ça. Mon whisky préféré, mon plat italien préféré, mon vin italien préféré, mes cigarettes préférées. Vous… vous travaillez pour la DGSI, la CIA, le KGB ? Vous êtes payée pour ...