1. Drôle de couple


    Datte: 10/04/2022, Catégories: fh, hplusag, couple, handicap, bizarre, Collègues / Travail amour, pénétratio, mélo, coupfoudr, Auteur: Roy Suffer, Source: Revebebe

    ... entamons une discussion sur la technique utilisée, moulages du réel probablement, pour moi :
    
    — Oui, mais pas pour les oiseaux oppose-t-elle vivement. Je crois tout simplement que cette artiste (puisqu’il s’agissait d’une femme) a un talent fou.
    
    Nous sommes encore en extase et en contemplation quand l’énormité vient s’excuser de nous mettre encore une fois dehors.
    
    — … oui, à cause du système de sécurité, nous savons, complétai-je, agacé.
    
    En revenant sur nos pas, semant loin derrière le culbuto de graisse, ma partenaire me glisse à son tour à l’oreille :
    
    — Savez-vous que je me suis libéré une demi-heure de plus pour accéder à votre proposition de boisson chaude ?
    — Merveilleux, allons-y.
    
    J’hésite un peu, et puis après tout je me dis que c’est certainement la dernière fois que je vois cette femme, l’exposition n’étant plus un mobile dorénavant. Alors, entre perdre dix minutes pour rallier un salon de thé ou le bistrot du coin, j’opte pour ce dernier. C’est vrai qu’elle fait un peu tache au milieu des buveurs de bière du comptoir, des joueurs de PMU et des accrocs tabagistes venant chercher leur drogue. Pourtant elle trouve le chocolat délicieux, onctueux, et cette mousse ! La magie des machines expresso. Nous parlons encore de ce que nous venons de voir, j’émets le souhait pour l’artiste que ce ne soit qu’une période et que ça ne devienne pas un « procédé », comme Vasarelli et ses déformations, ou Arman et ses empilements et César avec ses compressions. Le ...
    ... temps passe vite, trop vite. Déjà, la longue limousine noire pointe silencieusement son capot devant le troquet, rappelant l’heure. Je risque un dernier dépassement de chronomètre :
    
    — Votre père doit être très aisé pour mettre à votre disposition un tel carrosse avec chauffeur.
    — Ah, vous avez aperçu le Monsieur assis dans la voiture ? Ce n’est pas mon père, mais mon époux. Certes, quelques années nous séparent, mais il est effectivement plus qu’aisé, répond-elle avec un brin d’amertume.
    — Oh, pardonnez-moi, vraiment je n’aurais à aucun prix voulu être mufle. En plus, je n’ai absolument pas vu que quelqu’un d’autre était dans cette voiture. Croyez-moi, vraiment, mais dès qu’il y a une bourde à faire, elle est pour moi.
    — Je veux bien vous croire et je n’ai rien à vous pardonner. Tout au contraire, c’est moi qui dois m’excuser de vous quitter encore aussi abruptement.
    
    Elle se lève puis se retourne :
    
    — Comment pourrais-je vous joindre s’il me prend l’envie de vous inviter à mon tour ?
    
    Je lui tends ma carte professionnelle, je n’ose même pas lui lancer un au revoir, pas envie d’être pathétique. Elle n’est pas de mon monde, je ne serai jamais du sien, nos routes ne se croiseront sans doute jamais plus. Tant pis, j’ai passé un bon moment, guère plus d’une heure et quart, mais que j’ai dégustée. Et Brassens qui me revient à l’esprit, avec« Les passantes » cette fois ; je la fredonne en rentrant chez moi, avec aux lèvres le léger sourire que m’a procuré cet instant ...
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