1. Drôle de couple


    Datte: 10/04/2022, Catégories: fh, hplusag, couple, handicap, bizarre, Collègues / Travail amour, pénétratio, mélo, coupfoudr, Auteur: Roy Suffer, Source: Revebebe

    Je ne suis pas passionné d’art, je dirais même de moins en moins. J’admire cependant la dextérité des classiques qui, avant la photographie couleur, étaient capables de reproduire la réalité avec une justesse étonnante ; pareil pour les sculpteurs, et ce depuis l’Antiquité. Les impressionnistes m’ont souvent ému, mais l’art contemporain… Je veux bien entendre cinq minutes le discours pompeux sur les intentions de l’artiste qui a posé un point bleu sur une toile blanche, pourquoi bleu, pourquoi blanc, pourquoi pas blanc sur blanc tant qu’on y est ! Si je ne ressens pas la moindre émotiona priori, pas la peine de noyer la nullité dans du blabla. Je sais bien que parfois certaines œuvres incongrues atteignent des prix records sur le marché de l’art, mais ça ne me concerne pas, je n’ai pas le pognon pour, ni l’envie. Mais il paraît qu’il s’agit de placements, ce n’est donc plus de l’art, mais de la finance.
    
    Malgré tout, je trouve nécessaire la démarche d’aller voir une expo, surtout quand elle est dans sa petite ville. J’y fais mentalement mon tri, et dans le fatras imbécile et prétentieux, je trouve parfois deux ou trois trucs plaisants. M’étant deux ou trois fois fait piéger par des invitations officielles à des inaugurations, je laisse dorénavant les lèche-bottes s’empiffrer de petits fours et j’y vais quelques jours plus tard, quand la cohue des niaiseries bruyantes s’est apaisée.
    
    Comme ce soir, en sortant de boulot. Et pour être apaisée, la cohue a même totalement ...
    ... disparu. C’est vrai qu’il est un peu tard, dix-sept heures trente passé, mais quand on bosse, c’est plutôt tôt et il m’a fallu bien manœuvrer pour me libérer cette demi-heure. Personne ou presque. Et la grosse bénévole qui m’accueille de me dire :
    
    — Oh, mais vous n’aurez pas le temps de tout voir. On est obligé de fermer à dix-huit heures précises parce qu’après les systèmes de sécurité se mettent en marche.
    — Ça ne fait rien, je reviendrai demain.
    — Alors dans ce cas je ne déchire pas votre ticket, vous pourrez revenir sans payer de nouveau.
    — Bien aimable.
    
    La première grande salle, une ancienne chapelle, je crois, n’est pas totalement vide. Une silhouette élégante bleu marine y déambule, d’œuvre en œuvre, d’un pas altier qui fait résonner le carrelage de ses hauts talons. Je commence mon tour, ça part fort. Un tas de faïences brisées, à peu près ce que l’on trouve sur un chantier après le passage du carreleur… Puis un étron, un beau caca marron, bien brillant, sur un plateau de carrelage blanc. Y en a vraiment qui se foutent de la gueule du monde ! Ça me fait penser à celui qui vendait son « propre » caca dans des bocaux, à l’autre qui envoyait un fax quotidien « Je suis toujours vivant »… Merde, nul à chier, et c’est le cas de le dire ! Remarquez, s’il y a des cons pour acheter… pourquoi se priver ? Je passe vite sur une série certainement récupérée dans une école maternelle et un tas d’autres objets sans beauté ni intérêt. Je serais prêt à ressortir, mais ma ...
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