Errements
Datte: 15/08/2018,
Catégories:
fh,
plage,
aventure,
revebebe,
Auteur: Favasso, Source: Revebebe
... le même sourire radieux :
— Oh, je suis contente de vous revoir, j’ai craint que vous ne repoussiez mon offre.
— Bien au contraire, madame, comment refuser ce qui est si gentiment offert, et même, si je ne craignais d’abuser…
— Appelez-moi Lydie s’il vous plaît, et ne craignez pas d’abuser.
— Eh bien mon ventre crie famine, et…
— Pour cela je dois pouvoir faire quelque chose. Venez, nous allons rentrer à la maison.
Le velum rangé, la béquille repliée, je m’empare des mancherons. Tout naturellement Lydie marche devant et me montre le chemin. Nous suivons la piste en ciment sur un bon kilomètre puis bifurquons à droite sur un sentier de jeunes troncs de pin, quittant la ligne de crête. Encore un petit kilomètre et nous voici dans un creux de dune, au cœur de la vieille forêt de pins centenaires. Une assez grande cabane de bois nous accueille. Lydie m’invite dans son château. Une vaste pièce à vivre, une chambre attenante, un cabinet de toilette et commodités et, derrière, des remises et débarras, où prend place la roulotte. Dans la cuisine-salle-à-manger-salon, une cuisinière de fonte est allumée malgré la saison et un grand pot à soupe de tôle émaillée bleue fume doucement.
— Je vous propose de partager mon ordinaire : j’ai là du pot-au-feu qui mijote, si le cœur vous en dit.
— Je n’ose vous avouer tout ce qu’en pense mon estomac, lequel, pour un peu, vous embrasserait sur les deux joues.
— Vous vous ferez son interprète lorsqu’il sera plein.
Mettre le ...
... couvert et servir ne nous prend pas longtemps. Elle plonge sa louche dans le pot et en sort un énorme morceau de plat-de-côte qu’elle partage en deux, puis nous ajoute le chou, les poireaux, les carottes. Je décline navets et céleri. Dix minutes plus tard, mon assiette est vide, elle termine tranquillement la sienne en m’observant, l’œil brillant :
— Encore un peu ?
— Merci, ce ne serait pas raisonnable.
— Le service de restauration dans les trains n’est pas encore au point, à ce que je vois. Fromage ?
— Mon dieu…
Elle me sort un petit crottin de Chavignol, du pain bon comme du gâteau, du café et des cerises à l’eau-de-vie et je m’allonge sur ma chaise comme un bienheureux.
— Une petite sieste ?
— À une seule condition : vous me réveillerez pour pousser la carriole.
— Comptez sur moi.
L’après-midi s’écoule paisiblement. Il n’y a toujours que peu de monde, même si les enfants, accompagnés de leurs mamans, commencent à constituer une clientèle appréciable. Lydie m’a rapidement formé à la vente des glaces. Puis elle s’est installée un peu à l’écart, avec sa trousse à couture ; elle s’efforce de redonner à ma veste un aspect présentable, avec, je dois le dire, bien du talent.
Vers 18h00, la chaleur déclinant, elle m’envoie me baigner. La présence des enfants m’oblige à m’installer à l’écart puisque je n’ai pas de slip de bain. Bien qu’ils soient eux-mêmes tout nus, leurs mamans portent un slip, et je ne souhaite pas que l’on me remarque. Les caresses des vagues face ...