Errements
Datte: 15/08/2018,
Catégories:
fh,
plage,
aventure,
revebebe,
Auteur: Favasso, Source: Revebebe
... à la base, tout près d’un coin, à quatre pattes, ma tête recouverte de ma veste pliée en quatre me sert comme d’un boutoir. En complétant par l’action de coups de pieds, j’obtiens non sans effort un passage suffisant, au prix d’une veste en lambeaux et de nombreuses estafilades.
Je suis enfin libéré des entrailles de la Terre, je reviens d’outre-tombe, ahuri, clignant des yeux comme une chouette : je suis au bord de la mer.
En fait, non, je n’ai pas la mer sous les yeux, mais je sais qu’elle n’est pas loin, je connais bien cet environnement de sable, de végétation, genêts, arbousiers, petits pins rabougris et tordus par le vent. Devant moi l’horizon est de dunes, et derrière elles un grondement continu, l’océan. Il fait très beau, chaud, c’est l’été.
Je me laisse tomber dans le sable, je m’y roule, c’est délicieux. Mais la faim m’incite à me relever et poursuivre la pérégrination. Le sentier, devant moi, grimpe jusqu’à la crête des dunes, il faut y aller.
Sur la crête, les restes de la piste en ciment du « Mur de l’Atlantique » et, ô bonheur, la petite roulotte d’une marchande de glaces. Je m’avance en refrénant mon impatience, j’imagine que je dois présenter un spectacle pire qu’un immigré clandestin sortant du fond d’un camion où il a passé deux semaines, mais la dame m’accueille d’un grand sourire :
— Bonjour, Monsieur. Voulez-vous une glace ?
— Bonjour, Madame, j’eusse bien préféré une entrecôte-frites mais je me contenterai d’une glace au café. Vous ...
... prenez la carte bleue ? Deux boules, s’il vous plaît.
— Voilà, Monsieur, bon appétit.
— Merci, je n’en manque pas.
— Vous venez d’arriver, peut-être ?
— Tout juste, Madame, le train avait un peu de retard.
— Vous savez, si vous voulez que je vous reprise votre veste, ça peut se faire, j’ai des loisirs en ce moment, la saison n’est pas vraiment lancée.
— C’est vraiment aimable de votre part, d’autant que je n’ai pas retenu de chambre et que les nuits sont sans doute encore fraîches.
— Oh ! vous n’allez certainement pas dormir à la belle étoile, ça n’est pas notre genre, par ici, de laisser dehors nos visiteurs, revenez me voir vers treize heures, je vous trouverai bien un petit chez-vous.
Je me confonds en remerciements, tout ébaubi de rencontrer tant de gentillesse et un sens aussi aigu de l’hospitalité. Entre deux lapements de ma glace au café, qui tente de me servir de petit-déjeuner, je me mets en route vers la grève, descendant la dune en pente douce. Il n’y a personne sur la plage, à peine une vingtaine de personnes disséminées sur cette immense étendue de sable, avec le ciel et l’eau. Je suis bien trop loin d’elles pour les détailler, mais il me semble bien que le textile ne fait pas florès, par ici.
Aussi posai-je tous mes vêtements sur le sable et me précipitai-je dans la vague. Un quart d’heure de jeux avec les rouleaux, une bronzette pour me sécher, et ma montre m’indique que je peux maintenant retourner voir ma marchande de glace, laquelle m’accueille avec ...