Esprit es-tu là ? - Histoires de Sexe

Esprit es-tu là ?

... dites quoi ?
— Que je vais vous embaucher ! Vous ne manquez pas d’idées. Mesdames suivez-moi, je crois que nous pouvons faire affaire.

Nous voilà devant des vitrines où sont exposées nombre de figurines.

— Comme vous le voyez, j’ai déjà les moules, il n’y a qu’à adapter les chaînettes.Mama mia, le tour est joué !

Après discussion, Luigi nous promet le devis avant sept jours.

Dans la limousine, Hypoline me donne un conseil :

— Luigi va te tester en envoyant un devis gonflé de 20 %. Tu iras le voir pour les négocier.
— Pouvons-nous avoir accès à des données précises des ventes de nos plugs ? Je crois que les figurines Kāma sūtra vont plaire. Le jeu sexuel plaît aux jeunes amoureux.
— Ne soit pas sectaire s’il te plaît, aux vieux aussi.

Elle a le regard navré quand j’éclate d’un rire sonore en disant « de 7 à 77 ans ». J’ajoute :

— Patronne, je n’ai pas l’expérience de ces âges-là.
— Le chien qui nous a mordus te mordra, rit-elle à son tour. N’est-ce pas, Firmin ?

Un demi-siècle doit me séparer d’Hypoline, Firmin le chauffeur et la limousine.

N’empêche que je prends goût à être conduite en limousine. Je suis une autre personne, je suis différente que si je sortais de ma R5. Les autres personnes se conduisent aussi d’une autre manière. Comme quoi la situation, le paraître, nous influencent naturellement.

Hypoline me laissera de plus en plus négocier tout en m’ayant à l’œil.

— La femme d’affaires qui sommeillait en toi s’épanouit à ...

... merveille, me complimente-t-elle.

Les 20 % du devis surfacturé de Luigi se sont réglés devant un repas. Le laissant choisir le resto, je l’ai invité pour un repas d’affaires afin de décider de nos futures relations. Il se dit que, quand on sort de l’école, on ne connaît rien, un tendron à rouler dans la farine. Je me renseigne sur le coût des matières premières, ça a chuté grave.

Luigi a choisi unristorante où l’alliance culinaire franco-italienne est des plus réussies. Si moi je suis sereine, lui, beaucoup moins, malgré sa verve à parler de tout, de rien. C’est entre la poire et le fromage que je le fais étouffer :

— Luigi, les matières premières valent que dalle, vous me faites 30 %.
— Mademoiselle Caroline, vous me saignez à blanc…
— Mon cher Luigi, Hypoline aime votre travail, il n’y a pas de raison que nous ne continuions pas ensemble.

Il a le marché en main. Je découvre que je n’ai aucun remords à négocier, lui n’ayant aucun remords à me rouler. Je force encore son accord :

— Luigi, nous payons cash, livré sans clause de reprise.
— 25 et c’est conclu…

Je tends la main, il me la serre sans l’écraser, le marché est signé.

Les fournisseurs ne se fieront plus à ma bonne tête blonde glamour ni à ma mini-jupe.

Même l’attitude de Firmin a changé, avec plus de déférence envers moi. Je suis deux, danseuse de charme la nuit, commerciale intransigeante le jour.

— Hypoline, ce sont les claques de Valérie qui m’ont trempé le caractère.
— Vous êtes impayables ...