1. Le Résistant


    Datte: 13/08/2018, Catégories: ff, chantage, intermast, nonéro, Auteur: Giusepe, Source: Revebebe

    ... l’écume me venait aux lèvres, j’éructais de rage, je devais ressembler à un damné… Mais une autre partie de moi, de très loin, regardait tout cela d’un air satisfait.
    
    — Salopes, arrêtez ça !
    
    Des larmes me venaient aux yeux. Je m’abaissais à insulter une femme, jamais je n’avais fait cela. Mais il le fallait. Encore.
    
    — Salopes ! Arrêtez, vous entendez ?
    
    Encore, encore… Ma voix, toujours plus rauque… Continuez, vous êtes belles, disait mon âme… Salopes, arrêtez, vous me faites mal, disait mon âme…
    
    Elles s’étaient rapprochées au point de s’unir, à l’endroit de leur sexe, et maintenant, elles appuyaient, elles tournaient… Ce n’était plus de la danse, ou était-ce l’aboutissement inné de toute Danse ? Elles tournaient l’une contre l’autre, humides, les justaucorps étaient humides à l’endroit de leurs sexes, et je voyais à travers, et je voyais…
    
    D’un mouvement désespéré du bassin, je me suis projeté en avant, mais rien n’est venu, si ce n’est une douleur violente dans mes membres désarticulés.
    
    Alors j’ai hurlé les pires injures de la terre, et puis j’ai tout lâché : les noms, les dates, les lieux, les numéros de codes… À travers le brouillard de mes larmes et de mes cris, je savais qu’un magnétophone avait tout enregistré.
    
    J’avais trahi, j’avais parlé, pour que tout cela cesse.
    
    **********
    
    La musique s’est coupée d’un coup, une voix dehors a crié :
    
    — Stop !
    
    Les danseuses se sont relevées, en riant, et en continuant vaguement quelques caresses, ...
    ... sans avoir l’air d’y croire beaucoup. Mes tempes grondaient et ma vue était brouillée. Un grand gaillard en uniforme s’est précipité dans la salle, il jubilait. Il les a félicitées, grandes embrassades, et tapes sur les fesses… Puis d’autres personnes, des officiers, sont entrés ; une grande agitation s’est installée autour des danseuses.
    
    Dans le tumulte, plus personne ne semblait plus faire attention à moi, jusqu’à ce qu’une des deux danseuses, la première, dise quelque chose que je n’ai pas compris, mais qui devait me concerner, car un silence attentif s’est installé. Des têtes goguenardes se sont tournées vers moi. Elle s’est approchée, et m’a montré ostensiblement sous le nez deux doigts de sa main droite : le pouce et l’index. Elle a saisi mon membre avec ces deux doigts, juste près du gland, et lui a imprimé une petite secousse, une seule. J’ai aussitôt éjaculé, elle s’est écartée avec dégoût. Tous mes ennemis se sont esclaffés d’un grand rire gras.
    
    **********
    
    Je dois être l’image même de la honte. Il faut que cela soit ainsi. Pourtant, c’est moi le plus fort, mais je dois rester ainsi, pitoyable, avili, misérable, humilié : mon sexe minuscule entre mes jambes maculées de traces de sperme, le visage ravagé de sillons noirs, creusés par les larmes dans la crasse, le nez coulant, les cheveux sales et en désordre… L’image de la déchéance. Qui plus est, la douleur morale doit me tordre les tripes. N’ai-je pas trahi mes amis ? N’ai-je pas craqué, moi, le valeureux ...
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