1. Le Résistant


    Datte: 13/08/2018, Catégories: ff, chantage, intermast, nonéro, Auteur: Giusepe, Source: Revebebe

    Je crois que ça y est, c’est pour aujourd’hui.
    
    Ils sont venus me chercher tôt ce matin. Cela faisait bien une semaine que je n’étais pas sorti. Une semaine dans le silence et dans l’obscurité. Sans doute voulaient-ils me faire perdre la notion du temps, mais c’est raté. J’ai connu bien pire, bien plus long… Et puis, je sais ce qu’il faut faire pour estimer le temps, sans voir le soleil. Je connais plus d’un truc. Ma vessie, par exemple : toujours boire la même quantité d’eau, ne jamais boire à nouveau avant d’avoir pissé… Me prennent-ils pour un amateur ?
    
    Je m’attendais à leur venue, je leur ai bien montré que je n’étais pas surpris. Qu’ils notent ça dans leurs carnets tiens, qu’ils fourrent ça à leur psy. « Le numéro 67 avait l’air calme quand nous sommes venus le chercher. » Ils me font pitié. Une semaine à peu près, c’est le temps habituel. Juste ce qu’il faut pour nous laisser mariner dans notre jus, pour nous affaiblir encore davantage. Je m’en fous. J’en ai vu d’autres. Et puis je connais leurs manières, j’ai été formé par les meilleurs. Sans vantardise, j’en fais partie, maintenant, des meilleurs. Je dois y croire, en tout cas, pour tenir bon.
    
    J’ai mémorisé presque automatiquement le trajet. Ils peuvent me bander les yeux, les détours dans les couloirs, ça me fait rigoler. J’ai compté mes pas, aucun problème, tout est en angles droits ici. Je suis à 25 mètres de ma cellule, plein nord. Ça servira ou ça ne servira pas, je m’en fous. Je fais ce que j’ai à ...
    ... faire, c’est tout. Compter, mémoriser, c’est une seconde nature chez moi. Le jour de mon exécution, si c’est comme ça que je dois crever, j’agirai de la même manière.
    
    Ils m’ont emmené dans une salle puis ils m’ont foutu à poil. Classique : humilier le sujet, le rendre vulnérable… J’ai déjà vécu ça. Ils m’ont ensuite assis sur une grande chaise métallique solidaire du sol, les poignets et les chevilles sanglés dans des bracelets de fer, et un genre de collier fixé au cou pour maintenir la tête bien droite. Pas moyen de bouger, rien à tenter de ce côté. La chaise est froide, mais la pièce est bien chauffée. Peu m’importe. Je sais ce qu’ils vont faire de moi, je sais pourquoi je suis là :
    
    Pour être torturé.
    
    La chaise métallique laisserait à penser à l’électricité, mais moi, ça m’étonnerait. L’électricité, c’est peu fiable, difficile à contrôler. Je sais que de toute façon ce n’est pas dans leurs habitudes. Ils n’aiment pas les machines, ils préfèrent les outils, les pinces, les barres de fer, les clous… Il y a des vicieux chez eux qui aiment ça. Pour rien au monde ils ne confieraient à une machine le soin de malmener la chair. Ils feraient ça de leurs propres mains s’ils avaient des griffes assez acérées.
    
    Cela fait bien une heure que je poireaute tout seul sur ma chaise. J’en ai profité pour observer la salle : assez grande, six mètres sur quatre ; je suis installé au fond, bien au milieu, contre le mur. Personne ne peut venir dans mon dos, tant mieux pour moi. C’est même ...
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