1. Le Résistant


    Datte: 13/08/2018, Catégories: ff, chantage, intermast, nonéro, Auteur: Giusepe, Source: Revebebe

    ... débile de leur part de s’être privé de ça. Il y a une porte à droite, une porte à gauche. Je suis rentré par celle de gauche. Il y a un radiateur sur le mur de droite, et c’est tout.
    
    Par terre, c’est un parquet, du sapin, on dirait… Pas de trace de sang autour de ma chaise, mais ça ne veut rien dire. Sur le mur d’en face, il n’y a rien si ce n’est deux grilles d’aération de chaque côté, en haut. Les murs sont recouverts d’un enduit vert pâle. La lumière vient du plafond, d’une rampe de cinq petits projecteurs qui éclairent un peu partout.
    
    C’est une pièce inadaptée à l’usage qu’on lui destine, en fait. On pourrait presque y boire du thé. Ça me changera des caves humides. C’est incongru, mais ce n’est pas ça qui va m’impressionner. Je dois avoir l’air con, à poil sur ma chaise en fer. C’est ce qu’ils veulent, j’imagine.
    
    **********
    
    Une femme en uniforme est entrée, accompagnée d’un homme en blouse blanche. Je pensais que ça allait commencer, mais non. Ils m’ont seulement observé à distance en parlant à voix basse et en consultant un dossier. J’ai pu saisir quelques mots, j’ai l’oreille fine : « résistant… » « échec… ». Ils sont donc au courant, ils me connaissent.
    
    Quand j’ai été pris, il y a trois ans, ça a été terrible, mais je n’ai rien dit. À la fin, je n’étais plus qu’une plaie, j’étais à demi fou, mais dans mon crâne toujours demeurait vissé au-delà de ma conscience cet ordre intangible : Me taire. Je ne vais pas me mettre à déblatérer sur ce qu’ils m’ont ...
    ... fait subir, c’est inutile. Dites-vous seulement que tout ce que l’on peut faire de mal à un homme, ils me l’ont fait. Mais je n’ai pas parlé.
    
    J’ai appris à bloquer mon cerveau. N’être plus que souffrance, devenir une sensation, ne plus être un homme, seulement de la douleur. « Incarner la douleur », je ne peux pas dire mieux, comment expliquer cela à qui ne l’a vécu ? Je ne sais pas comment je m’en suis sorti, ils m’avaient laissé pour mort sur place. Un miracle… Enfin, aujourd’hui, ils m’ont repris, et ils vont remettre ça.
    
    Je les ai entendus dire le mot « sexe », aussi. Bien sûr, c’est là l’endroit le plus vulnérable chez un homme. La douleur est atroce, et psychologiquement, c’est affreux. Mais ce qu’ils ne savent pas, c’est que pendant qu’ils s’acharneront sur moi, la psychologie n’aura plus d’importance, je voguerai ailleurs, sans pensée, je ne serai plus qu’un nerf qui grelotte, ils ne tireront rien de moi : je ne serai plus moi. Je ne pourrai pas parler car je ne saurai même plus parler.
    
    **********
    
    Ils m’ont ramené dans ma cellule sans rien me faire. Rien. Je me demande bien pourquoi. Ce doit être un truc pour me faire gamberger à vide. Très peu pour moi, pas question de tomber là-dedans ! Je ne dois pas me laisser aller à spéculer sur la signification de leurs actes. Je sais très bien que souvent, ils font des choses au hasard : ils égorgent celui-ci plutôt que celui-là, ils violent celle-là plutôt que celle-ci… dans le seul objectif de faire régner la ...
«1234...8»