Le Résistant
Datte: 13/08/2018,
Catégories:
ff,
chantage,
intermast,
nonéro,
Auteur: Giusepe, Source: Revebebe
... terreur et de rendre les gens fous.
Ils ne m’ont rien fait, c’est étrange malgré tout… peut-être pour m’affaiblir par l’espoir, l’homme qui espère étant bien plus fragile que celui qui est fixé sur son sort. Comme si moi, je pouvais en avoir, de l’espoir…
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Il y a eu du neuf. Le lendemain, ils sont revenus me chercher et m’ont de nouveau attaché à poil sur cette drôle de chaise. Puis, ils m’ont laissé seul. La porte de droite était restée entrouverte. J’ai eu le temps de me blinder tant que je voulais, mais alors il s’est produit quelque chose de tout à fait inattendu.
Une musique s’est fait entendre, tout doucement. Une musique apaisante, sereine, belle… Un quatuor à cordes, peut-être bien un Adagio de Mozart, je n’en sais rien, moi la musique, je n’ai jamais eu le temps de m’y consacrer… Mais j’ai toujours aimé ça, cela m’a apporté beaucoup de réconfort par le passé. Et voilà qu’ici, entendre de la musique… Je savais qu’ils en passaient parfois dans les camps, du Wagner, ou je ne sais quoi… Mais pas dans une chambre de torture !
Ils veulent m’affaiblir, encore… C’est ce à quoi j’ai pensé tout de suite, ils veulent me ramollir, me bercer, m’illusionner, pour rendre le scalpel plus saillant sur mon corps. Ils veulent évoquer la douceur du foyer, la paix luxueuse des loges des salles de spectacle, tout cela pour diluer mon âme dans un paradis artificiel, comme lorsqu’ils injectent des drogues euphorisantes aux suppliciés, pour les briser comme des ...
... brindilles entre les forces du plaisir et celles de la douleur.
Cependant, alors que la musique continuait à envahir mon esprit malgré moi, alors que je m’attendais à voir surgir les bourreaux en uniforme…
Une danseuse est entrée.
Elle était vêtue… comme une danseuse classique, tout en blanc, d’un justaucorps simple et dépouillé. Cette tenue, dont je m’étais tant moqué étant jeune, m’est apparue soudain comme la plus belle manière de souligner le contour d’un corps. Cette femme, cette danseuse, avec quelle précision les lignes de sa chair se dessinaient en face de moi ! Il m’est revenu les paroles d’une chanson : « révèle-moi ce dont je vois les limites et le tour… »
Danse… Oui, elle s’est mise à danser… Lentement, en épousant cette musique qui se déroulait comme une volute d’encens. Ses gestes étaient non seulement harmonieux et coulants comme de l’eau, mais également autant de prétextes pour offrir, sous de multiples angles différents, ce corps magnifique à mon regard émerveillé. Chaque mouvement en dévoilait une nouvelle partie pour en voiler une autre, le moindre déplacement dissipait ou recréait une ombre autour d’un sein, obscurcissait ou illuminait une partie du visage.
Mais peut-on encore parler de gestes, lorsqu’il s’agit de formes si pures, si subtiles, si éthérées ? En appui sur la pointe d’un seul pied, elle levait graduellement l’autre jambe, tendue et galbée comme une sculpture. Celle-ci dessinait alors un arc de cercle dans l’espace, pour finalement ...