Le grimoire - Histoires de Sexe

Le grimoire

... sans pour autant être monstrueux comme l’Anglaise. Et elle marchait de long en large, frappant sa paume d’une règle, exactement comme autrefois.

— Rodolphe, le maire m’a fait une copie de ton devis (Rodolphe se tortilla de plaisir, estimant avoir tout bien fait). Rodolphe, j’ai eu honte. Un de mes anciens élèves, faire pratiquement une faute à tous les mots (le ton était vraiment celui de la colère). Rodolphe, « plafond » s’écrit avec un « d ».
— Ben, j’pouvais pas savoir, on dit bien « un plafonnier, pas un « plafondier »…
— Ce n’est pas une excuse pour quelqu’un de ton métier. Quant à « suspendu » , tu écris ça « sucependu », comme si on suçait quelque chose.
— …
— Deux lignes plus loin, on trouve des « suisserie » au lieu des « huisseries ». Qu’est-ce que les Suisses ont à voir là-dedans, dis-moi ? cria-t-elle.

Il se passa un truc bizarre dans la petite tête de Rodolphe. La vision de sa maîtresse comme avant, une grosse engueulade comme avant, il se retrouva soudain petit garçon et, comme avant, éclata en sanglots. Pas deux larmichettes aux coins des yeux, il suffoquait de sanglots et chialait à gros bouillon. L’institutrice fut complètement décontenancée par cette attitude inattendue. Elle s’assit auprès de lui et prit ce grand benêt contre elle, maternellement. Elle avait voulu lui jouer une petite scène pour se moquer un peu, ça avait mal tourné.

— Allons, Rodolphe, mon petit Rodo. Calme-toi, voyons, c’était juste pour rire…
— J’suis nul… trop nul… j’y ...

... arriverai jamais… confiait-il entre deux sanglots.
— Allons, allons. On a bien ri avec le maire, et je lui ai dit la même chose ; je suis une mauvaise instite, la preuve.

Rodolphe, qui avait enfin compris, n’avait plus du tout envie de s’arrêter. La tête contre la tendre poitrine, une main sur la douce cuisse, l’autre enlaçant une taille charmante, il était bien, merveilleusement bien. Là où il aurait tant voulu être quand elle le tançait, gamin. Il se disait que ça durerait tant qu’il sangloterait. Alors il se serra un peu plus fort écrasant doucement la poitrine, et sa main grimpa un peu plus haut sur la cuisse. Il laissa aller le poids de son corps sur celui, plus frêle de la pédagogue qui, petit à petit, puis d’un coup, bascula sur le canapé, le mauvais élève sur elle, la main glissée jusqu’à son ventre.

— Rodolphe, cria-t-elle. Mais arrête.
— Oh maîtresse, maîtresse… marmonnait-il en lui bouffant les seins par-dessus les vêtements.
— Rodolphe, hurla-t-elle encore. Pour l’amour du ciel, arrête-toi.
— Quoi, quoi, quoi ? Mais je suis amoureux de ma maîtresse, pour de vrai.
— Pfff… Foutaises et enfantillages.
— Non, M’dame, c’est vrai. Regardez, ça, ça ne ment pas.

Et il défit son pantalon et sortit son engin de compétition sous le nez de la femme assise.

— Mon dieu, Rodolphe, mais tu es… mais tu es…
— Oui, maîtresse, c’est vrai, je suis un âne. Mettez-moi le bonnet, je serai vraiment un âne. Il faut bien un âne dans une classe.

Tempête sous un crâne, sans ...