Le grimoire - Histoires de Sexe

Le grimoire

... tranquille avec les cathos, ils sont contents.
— Restent les socialos, ceux-là ils vont vous harceler, et y a de quoi
— Comment ça ? Explique-toi ?
— Ben, vous avez vu l’état de l’école ? Elle a pas eu un coup de peinture depuis que j’en suis parti.
— Ah oui, je sais bien, mais il y a aussi les chemins communaux, et puis c’est pas prévu.
— Peut-être, mais… l’an prochain c’est les élections, ça peut se payer.
— Mais enfin, l’école risque de fermer, y a plus de gamins. Et puis, j’ai dit pas d’emprunt.
— C’est sûr qu’en laissant une école pourrir, elle va fermer. Alors qu’une école en bon état et une commune qui fait voir qu’elle y tient, ça peut faire un regroupement intercommunal. Regardez, à côté ils ont été forcés de louer un préfabriqué. Ils seraient mieux ici les mômes. Moi, ce que j’en dis…
— T’as peut-être raison. Faudrait envisager combien pour la rendre potable ?
— Je sais pas. J’y passerai et je vous ferai un devis.

Il retourna à son interminable chantier chez les Anglais, retrouva avec plaisir le regard implorant de Suzy qui, envoyant astucieusement son mari rechercher un escalier adapté, en profita pour lui en mettre une bonne rasade entre les cuisses. Le rosbif revint bredouille, mais retrouva une femme heureuse. En fait, l’escalier il l’avait déjà. Chez un récupérateur de sa connaissance, il avait fait d’une pierre deux coups. D’une part, il avait trouvé les morceaux d’une vieille armure, un peu rouillés, mais apparemment au complet et, sous un ...

... tas de tôles diverses, le pied de l’une de ces éoliennes du XIXe, les éoliennes Bollée. Ces beaux engins de fonte et d’acier étaient maintenant abandonnés. Ils avaient la particularité de posséder un escalier en colimaçon autour du mât de fonte et, malgré leur beauté, se vendaient au poids du métal. Il en prit un tronçon de trois mètres. Le récupérateur fit cependant son beurre sur l’armure, abandonnée dans un château, mais qu’il céda cinq cents euros malgré son état.

— Toi qui es douée pour le nettoyage, dit-il à Mélissa en rentrant, pourrais-tu me décaper ça ?
— Selon ta volonté, Maître.
— Tu m’agaces avec ça. Appelle-moi Rodolphe comme tout le monde…

Du coup, cet agacement supplémentaire le poussa hors de la maison pour la première fois depuis l’arrivée inespérée du succube. Ne sachant trop où traîner, et n’appréciant pas particulièrement le bistrot, il s’arrêta devant l’école et se mit à en faire le tour. Il mesura, tâta de son canif, gratta de la main… Une porte s’ouvrit :

— Monsieur ? Je peux vous aider ?

Cette voix, il la connaissait, mais pas trop la silhouette. Il fallut que la dame se recule sous la lumière pour qu’il l’identifie. C’était bien elle, sa maîtresse. Elle avait un peu vieilli, bien sûr, sa silhouette un peu plus lourde, et surtout comme si deux poids lui pesaient au bout des bras. Mais l’œil gris-vert était toujours vif, les traits du visage toujours aussi enfantins, des lunettes sans monture avaient remplacé les grandes lunettes à bords ...