Flux
Datte: 12/08/2018,
Catégories:
fh,
forêt,
Collègues / Travail
portrait,
Auteur: HugoH, Source: Revebebe
... jaillissent sur le parking. Qui jettent des pierres sur la voiture.Putain, ma carrosserie, regrette-t-il en faisant crisser les pneus du coupé sur le gravier. Et il rentre sur la route comme dans un vagin humide.
Il n’y a rien ici, rien d’autre que des voies désertées.
Plus tard, après la douche, savourant l’effet de deux tranquillisants et de trois anti-douleurs, il vide un verre de whisky. Depuis son salon, il peut voir la ville illuminée. Les tours, c’est si beau, si déraisonnablement concret. Il adore. Nu, son corps dur offre à la vision une dizaine d’hématomes et de coupures. La plaie à l’épaule est superficielle.
Il a un beau bleu sous l’œil droit et une jolie cicatrice sur l’arcade.C’était un peu plus chaud que la dernière fois, pense-t-il en composant le numéro de Lauren N. Mais tellement bon. Il pense au dossier danois. Voilà, là, maintenant, ça ne l’effraie pas. Ça ne lui pince plus le ventre. Elle décroche après trois sonneries. Il est excité, méchamment excité. Elle dit :
— Allô.
— Si tu peux te libérer, si tu en as fini avec les obligations familiales, je te promets une partie de jambes en l’air comme tu n’en as encore jamais connue.
— Même avec toi ?
— Du ...
... jamais vu.
— Où ?
— Chez moi.
Il y a du bruit, elle semble se rendre dans une autre pièce.
— Ohhh ! Chez toi, carrément ! Dans ce cas, il va falloir que je me fasse violence et que je m’occupe de toi. Chez toi…
Il y a toujours autre chose. Derrière les mots. Derrière le sexe. Il ne croit ni aux hommes ni aux femmes. Il n’a pas foi en eux.
Sa platine joue Roxy Music / Avalon. Il danse. Nu. Propose d’étranges mouvements lascifs. Mais enfin, ça a une certaine grâce. Il répète les mots,Dancing’, Dancing, il chante d’une voix aiguë. Il chante encore. Cabotine comme un dandy sur le retour.Yes the picture changing / Every moment / And your destination / You don’t know it.
Il s’approche de la grande baie vitrée. Se colle à elle, lève ses bras sur elle, il devine des feux verts. En contrebas, dans la grande ville, il les voit tous ces feux verts. Des flux d’information. Des chiffres sur des écrans. Feux verts. Il se frotte au double vitrage. Des données. Des écrans chargés de sigles. Son front accroche la surface froide. Tout va si vite. Des feux verts. Des colonnes lumineuses. Les halos des sigles électriques. Partout, des feux verts. Son ventre colle au verre. Tout est si parfait.