Flux
Datte: 12/08/2018,
Catégories:
fh,
forêt,
Collègues / Travail
portrait,
Auteur: HugoH, Source: Revebebe
... s’agrippe à un petit arbre et se remet debout. Un coup de pied le touche à la cuisse. Mais il ne sent plus rien.
Adrénaline / Pur stress. Ça monte et ça monte. Il rigole. Prend une baffe, puis un poing dans les côtes encore. La douleur lui coupe le souffle, mais nul doute qu’il ne boude pas son plaisir. Même s’il va être temps de reculer, décide-t-il en parant un tibia menaçant. Allez, encore un coup ou deux. Oui, d’accord, trois. Et, maintenant, barre-toi.
Il fuit à toute allure sur le sentier. Les deux gars à sa poursuite. Le troisième pleure la perte de ses testicules comme un chiot castré. Maintenant, il faut imprimer le rythme.
Mais à la course, même blessé, c’est autre chose. À la course, les deux connards ne l’auront jamais. C’est bon ça, c’est bon, je m’en tire. Les gars lancent la chasse.
Ils vont vite, mais ils ne tiendront pas longtemps, juge Scott qui accélère tranquillement.
Belle foulée, qui leur fait tirer à la langue. Quelquefois il ralentit, les laisse revenir un peu, puis remet la gomme en les traitant de tous les noms. Ils ne sont pas en reste, sa mère en prend pour son grade. Sa pauvre mère. Il s’amuse, fait des grandes foulées à la manière d’un sprinter mondial après l’arrivée du cent mètres. Salue une foule invisible.
Ça dure longtemps, les gars s’accrochent. Il les trimbale une vingtaine de minutes. Un vrai bon run, indéniablement. Il les remercie à distance. Vous avez assuré. Super ! Vraiment super ! Ils ne comprennent pas, les ...
... visages empourprés trahissent un certain désarroi. Il coupe à travers bois, rattrape un autre sentier. Il ne les entend plus.
Ses hurlements accompagnent la tombée de la nuit. Un soulagement réel s’est emparé de lui. Et bien que chaque foulée lui arrache un gémissement, il ne peut s’empêcher de murmurer,Bon Dieu, bon Dieu que c’est bon.
Le parking. La voiture. Se laisse glisser sur le fauteuil en cuir. Il en chialerait. Putain, ces allemandes, c’est quelque chose. Il verrouille les portes. Souffle court. Maintenant, la douleur s’invite. Il se regarde dans le rétro : du sang tout le long de la joue gauche depuis l’arcade. Enlève le haut de son survêtement avec difficulté. Son épaule le tiraille. Le couteau a tailladé en surface, mais ça fait un mal de chien. Il ouvre la boîte à gant, sort une fiole de whisky, asperge la plaie, hurle de douleur.
— Putain de merde, de merde, gueule-t-il. C’est moi le plus fort. Je suis le coureur, le coureur. Ils me connaissent maintenant.
Ça lui fait penser à ces héros de comic books qu’il lit depuis qu’il est gamin. Le coureur, merde. Peut-être qu’il devrait se confectionner un costume. Il attrape les bandages et les pansements qui traînent à côté de la fiole de whisky. S’arrange comme il peut. Il fera mieux plus tard, chez lui. Après une douche brûlante. Une bonne douche. Il en bave.
Remet sa veste de survêtement, démarre la voiture. Les phares éclaboussent la nuit. Il y a du mouvement à la sortie de la forêt. Les deux gars. Qui ...