1. Flux


    Datte: 12/08/2018, Catégories: fh, forêt, Collègues / Travail portrait, Auteur: HugoH, Source: Revebebe

    ... à côté de ce contrat ? Il devine déjà le regard compatissant de ses collègues, de ses alliés. Le soulagement général qui tient les troupes quand l’un d’entre eux s’écroule. Il ne leur en veut pas, il est pareil. C’est le jeu.
    
    Demain est un jour important. Comme tous les jours ?
    
    Oui, comme tous les putains de jours. Il repense à Lauren N. De toutes les garces qu’il se tape, c’est la plus bandante et de loin. Elle sait le danger qu’il y a à baiser près de l’Audi. Et puis, elle est fiancée. Ça ne gâche rien. Scott fait défiler les noms des salopes sur son portable tactile. Rien ne lui dit. Non, vraiment, ce soir, il préfère la forêt. Pour en finir avec les Danois, il a bien bossé, la ligne de coke lui a donné l’énergie nécessaire. Il est comme un sportif de haut niveau, à un certain degré de performance, le simple corps ne suffit plus.
    
    C’est ainsi qu’il perçoit les drogues. Pas une addiction, mais une aide. Un vrai support. Le seul sur lequel il puisse compter. Les lumières du centre se sont éloignées. Des immeubles moins cossus se succèdent et bientôt des barres d’habitations glauques s’invitent dans les lumières rectilignes de ses phares au xénon.
    
    Puis c’est au tour d’une forêt triste et vaste de dévoiler ses feuillages drus. En journée, l’endroit est relativement vivant. Le soir, c’est autre chose.
    
    Ouvre le coffre. Sort ses runnings. Se déshabille sur le petit parking. Un vent faible fait frissonner les branches des arbres. Pas d’autres voitures. Il enfile ...
    ... un jogging, pas de sous-vêtement. Apprécie le contact lisse sur sa queue. Lauren N., merde, il devrait la rappeler, là maintenant.
    
    Canalise ton énergie, Cours. Baise les kilomètres.
    
    Il entame son footing. Seul sur un sentier cahotant, il allonge tranquillement sa foulée. Il fait tiède. À travers des ramures plus maigres, un soleil rougeoyant se faufile encore. Mais ça ne dure pas longtemps. Il transpire, il en a encore sous le pied. Après une journée comme celle-là, il a de la ressource. Aux abords d’un petit étang, il ressent une décharge courir le long de son dos. De la peur, de la tension. En levant la tête, il entrevoit nettement les barres de logements sociaux. C’est tout près.
    
    Il y a des détritus sur le sol. Passe sous un pont, ses pieds s’enfoncent dans un parterre humide et glissant, ça sent la pisse et l’humus. Il y a des tags sur les murs, des canettes vides enfoncées dans la terre. Son cœur bat un peu plus vite. Après un virage, il coupe par un étroit chemin qui contourne une aire de jeux. Toboggans anciens, balançoires rouillées et grinçantes. Trois gars sont assis sur un banc près d’un petit château en plastique usé. Ils le regardent passer.
    
    Il ralentit, sort son portable et fait mine de passer un coup de fil. Un vrai aimant à trous du cul. L’un des gars relève sa capuche et le regarde avec un air de défiance. Ça monte, ça monte bien. Ils n’en reviennent pas tous les trois en regardant ce beau gosse en survêtement de marque, les cheveux plaqués en ...
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