1. Flux


    Datte: 12/08/2018, Catégories: fh, forêt, Collègues / Travail portrait, Auteur: HugoH, Source: Revebebe

    ... cursus le plus payant. Ils ont voulu pour lui une existence qualitativement plus riche que la leur. Qui au demeurant n’était pas si morose ;disons simplement neutre, concède Scott en poussant fort sur ses avant-bras. Il regarde ses abdos, ses quadriceps, tourne la tête vers ses deltoïdes, puis admire un court instant ses pectoraux. Parfait. Parfaitement dessinés. Parfaitement travaillés. Il n’y a pas de limites. Aucun obstacle sur sa route.
    
    Près de lui, Hugo H. s’inspecte de la même manière. Brun, grand, beau mec. Queutard. Hugo H. le queutard. Il sent que Scott l’observe, tourne la tête vers lui, même pas surpris. Puis leurs regards se posent sur la chute de reins d’une bombe métissée.
    
    Dans le vestiaire, devant les casiers en bois massif, la jeune classe dirigeante se rhabille tranquillement, en plaisantant. Les blagues vont bon train sur le cours de la bourse, sur les positions éjectables de X ou Y. Sur l’âge canonique du chairman ou du directeur financier. Globalement, l’affaire danoise alimente les débats. Tout le monde est excité.
    
    Karl O. dit :
    
    — Tu leur as bien bouffé les couilles aux Japonais.
    
    Damian ajoute :
    
    — Mais les Danois, c’est une autre affaire, tu vas en chier Scott. Demain, c’est money time.
    
    Scott sourit. Il aurait peur ? Peur de quoi ? Mais ça lui tiraille le ventre, Danois, ce putain de mot, Danois. Danois de merde. La plupart des gars des opérations tirent quand même un peu la gueule, parce que les cours vrillent dangereusement vers le ...
    ... sol. Des vannes fusent mais le cœur n’y est pas. Vince, serviette nouée sous son torse nu, dit :
    
    — Ça reviendra, ça revient toujours. Pourquoi ça s’arrêterait ?
    
    Des gars se lancent des slips humides au visage. On s’amuse comme on peut dans les vapeurs des parfums musqués. Les mains claquent les eaux de toilettes sur des pectoraux lustrés comme des jantes de formule 1. Karl passe derrière lui, le frôle. Il est plus grand d’une tête, plus fin aussi.
    
    — Encore bravo, Scott, ce genre de business, c’est un accélérateur de particules, tu as gagné du temps, j’en serais presque jaloux.
    
    Et Scott plisse les yeux de plaisir, tandis que la main manucurée de Karl se pose sur son épaule.
    
    — On va au pub, Scott, lance Freddy, tu nous accompagnes ?
    
    Scott pense au fleuve, à la lumière dévorante de l’été. Des milliers de joyaux sur l’eau tranquille.
    
    — Mais pas ce soir, non. Pas ce soir, les gars, j’ai à faire.
    
    La ville défile le long du circulaire comme un jeu vidéo ancien en deux dimensions. Scott pilote de façon sportive. Quatrième voie. Appels de phare. Passé le quartier commercial, la circulation devient plus fluide. La voiture file, et bien sûr qu’il aime la vitesse. Prend la sortie vers Tennant & Lowe. Le lecteur CD passe Interpol, Obstacle 1.
    
    Il allume les phares, le soir s’annonce doucement. Le dossier Danois ne lâche pas ses pensées. Irrigue le moindre mouvement. Electricité. Oui, il va en chier. Ces gars ne sont pas commodes. Et s’il se loupait, s’il passait ...
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