Beautés rurales - Histoires de Sexe

Beautés rurales

... une trentaine.
— Et vous trayez trente vaches à la main ? fis-je, effaré.
— Comme j’te le dis, depuis près de trente ans.
— Alors, écoutez : avec une salle de traite bien équipée, traire trente vaches c’est une heure pour une seule personne. Passage par groupes de cinq en épi, dix minutes par groupe, six groupes : une heure. Après il faut compter environ vingt minutes pour nettoyer le matériel et passer un coup de jet dans la salle de traite. En une heure et demie, tout est plié. Ça ne ferait plus que trois heures par jour contre huit actuellement, et beaucoup moins de fatigue…
— T’entends ça la mère ? On va finir par s’ennuyer, on saura plus quoi faire… C’est bien beau, mais… ça va chercher dans les combien ?
— Ah, mais je ne peux pas vous dire ça comme ça, faut faire une étude, un devis…
— J’veux une idée…

Putain, ça c’est pas de la tarte, mais c’était l’affaire du mois ! Je me plongeai dans mes catalogues en marmonnant :

— Une plate-forme de traite… Une rampe pour monter, une rampe pour descendre, une plate-forme pour tourner… Des barres de contention… Un portillon automatique pour qu’elles puissent sortir, mais pas rentrer… La trayeuse… Le tank réfrigéré… L’installation électrique…

Tous se penchaient autour de moi, pourvu que je n’oublie rien. Je pensai à respecter la coutume, je n’annonçai aucun chiffre, mais griffonnai sur un bout de papier que je lui tendis, à lui et lui seul. Il émit un sifflement.

— Ben dis donc ! T’y vas pas avec le dos de la ...

... cuillère ! Tu me prends pour Crésus !
— Non, non, mais ça, c’est avec du matériel tout fait. Si vous avez un gars qui peut vous installer la salle en béton à moins cher, un autre qui vous fait des barrières en tube pas chères, un électricien et un plombier… Je vais vous compter uniquement la machine et le tank…
— Mais le tank, il existe déjà, j’vais pas en racheter un autre…
— Bon, alors la machine seule ça ferait ça (nouveau bout de papier), mais je ne sais pas si l’ancien tank conviendra…
— Ça moins la remise.
— Hé, doucement, faut que je mange, moi !
— Mais nous aussi, mon gars.
— Pfffiou (ma grosse commission diminue de moitié) ! Voilà, mais là je ne peux pas faire mieux, sauf si le patron et le fournisseur acceptent de faire un effort aussi.
— C’est mieux ! Ben i’faut leur demander…
— Vous avez le téléphone ?
— Qu’est-ce tu crois ? On n’est pas des sauvages. Tiens, là.

Je téléphonai, j’eus le patron. Oui pour la remise, mais uniquement sur le tout. Alors il devait reprendre l’ancien tank. Il fut d’accord. Il devait appeler son fournisseur et rappeler dans un quart d’heure. À quel numéro ? La petite me le donna. On attendit. Je lui parlai de sa banque, qu’il devrait contacter pour un prêt.

— Un prêt ? Quel prêt ? Tes voleurs, là ? Certainement pas. On n’a pas la télé et pas une belle voiture, on va pas en vacances, mais on n’a pas de dettes, nous !

Le téléphone : le fournisseur faisait 10 % sur le matériel, le patron faisait 25 % sur sa marge et moi je ...