La tache - Histoires de Sexe

La tache

... sacrée dose », ai-je un instant pensé. Mais en ce qui la concerne, cela n’a pas spécialement l’air de la gêner. À croire qu’elle ne s’est même pas rendu compte de l’anomalie, ce qui est bien possible.

Elle revient un peu plus tard avec des petits cartons et l’on commence à transvaser les contenus avant de charger ma voiture.

Il est déjà tard et la nuit commence à tomber quand elle referme la porte de ma grange.

— Il faut vraiment que j’y aille, dis-je, affolé.
— Si c’est pour le couvre-feu, il est déjà largement trop tard, répond-elle avec pragmatisme.

Putain, la galère, connerie d’association !

— Foutu pour foutu, tu n’as qu’à rester dîner. J’ai une excellente potée de poule sur le feu, un pur délice sans vouloir me vanter… Tu vois que je ne suis pas uniquement végétarienne, ajoute-t-elle avec un sourire moqueur.

Et comme j’hésite sur la conduite à tenir.

— Allez, laisse-toi aller, ça me fera plaisir d’avoir un peu de compagnie. Et si c’est la peur des gendarmes, tu peux même dormir ici, j’ai plusieurs chambres en haut.

Avant le repas, elle ressort s’occuper de ses bêtes en me laissant en tête à tête avec un autre pichet de mauvais vin. Et lorsqu’elle revient enfin, la tache a pratiquement disparu, elle s’est asséchée, ce n’est plus qu’une auréole diffuse.

Nous dégustons cet excellent pot-au-feu en tête à tête, quelques morceaux de poulets noyés dans un océan de légumes dont certains restent pour moi d’origine inconnue, mais ce plat un peu ...

... atypique est effectivement succulent. Nous ne sommes pas très causants, prétextant sans doute que nous avons la bouche pleine. Nous sommes tout aussi timides l’un comme l’autre, mais je crois que ça nous va comme ça, ce n’est pas désagréable quelques sourires complices entre deux bouchées, ça suffit bien.

À la fin du plat, je me lance enfin, j’ai envie d’en savoir un peu plus à son sujet :

— Ça fait longtemps que tu habites seule ici ?
— Trois ou quatre ans, depuis que mon copain s’est fait la malle… Ce crétin a prétexté que j’étais inféconde, ce qui est vrai d’ailleurs, mais je ne le lui avais jamais caché. Je crois surtout qu’il avait envie de tremper son biscuit ailleurs… je ne devais pas être assez belle ou pas assez sexy pour lui… Mais bon, je n’avais pas changé d’un iota depuis notre rencontre et je crois que l’amour c’est un peu toujours comme ça, c’est volatile. Tu ne penses pas ?
— Et depuis, pas d’autres prétendants ?
— Tu es bien curieux, on se connaît à peine… Mais si tu veux tout savoir, non, rien de sérieux… Juste des amants de passage comme le gars que tu as dû croiser tout à l’heure…
— Tu les prends bien jeunes, au berceau (avec une pointe d’ironie dans la voix).
— Celui-là, c’est vrai qu’il a tout juste 18 ans, mais il a fait des pieds et des mains pour m’avoir et, comme je suis un peu en manque, j’ai fini par succomber à ses envies. Mais je ne regrette rien, il m’a bien fait jouir celui-là. Et j’ai grimpé aux rideaux, comme on dit ! Heureusement que ...