La tache
Datte: 04/02/2022,
Catégories:
fh,
poilu(e)s,
sales,
odeurs,
Oral
Auteur: Foretdorient, Source: Revebebe
Je m’étais retrouvé ce soir-là chez Sylvaine parce que c’était chez elle que l’assoc entreposait son matos et que j’avais été désigné pour le récupérer.
« J’irai demain après le boulot », leur avais-je dit, un peu amer d’avoir été choisi lorsque la décision avait été prise. Ils tiraient presque tous la tronche, il aurait fallu que j’y aille tout de suite, mais avec ce maudit couvre-feu, je risquais encore une fois de tomber sur la maréchaussée. Déjà que la semaine d’avant on m’avait taxé de 135 balles… Foutus enfoirés du gouvernement, arnaqueurs, profiteurs, fascistes ! Je ne suis pas complotiste, ni même antivax, mais j’ai horreur qu’on me prive de liberté, surtout quand c’est sponsorisé par des toubibs endimanchés avec de grosses Rolex.
La Sylvaine en question était une petite brune, brute de fonderie, très baba cool. Je me souviens qu’un soir, il y a quelques mois à l’assoc, j’avais discuté un peu avec elle. Il faut dire que j’étais vaguement bourré ce jour-là. « Yannick Jadot est un gros enculé », avais-je beuglé, « Il voudrait que le vaccin soit obligatoire pour tout le monde, quel gros naze ! » Je crois même que j’avais répété ça plusieurs fois… triste effet de l’alcool, probablement. « Plus jamais je ne voterai pour les verts, en tout cas tant que cet hurluberlu en fera partie… » Sur ce, ladite Sylvaine avait essayé de me convaincre de ne rien en faire, elle était écolo dans l’âme, avec des convictions plus ou moins sectaires. Au bout d’un certain temps, je ...
... m’étais relevé, un peu hagard, et l’avais laissée seule à ses délires, c’était le bon moment pour prendre la poudre d’escampette. C’est certain que je tenais plus du tire-au-flanc que du militant convaincu. Peut-être m’en avait-elle voulu ?
Et me voici donc quelques semaines plus tard à toquer contre la porte vermoulue de la petite fermette :
— Il y a quelqu’un ? Il y a quelqu’un ?
Mince, je n’ai pas fait tout ce trajet pour rien. J’insiste un peu puis vais faire le tour des baraquements, au cas où… Mais personne. Pourtant, il y a un Scooter rutilant neuf, garé en plein milieu de la cour, il jure un peu avec le décor ambiant. Je reviens vers l’entrée principale et après un dernier appel un peu rageur me décide enfin à entrer. La porte n’est pas fermée, mais grince sur tous ses gonds.
— Sylvaine, vous êtes là ?
Elle est peut-être sortie, en balade dans les champs. C’est bien le genre à s’en aller de chez elle et à laisser tout ouvert. Dépité, je m’assois devant la grande table en bois. Une jatte contenant du rouge qui tache et quelques godets apparemment sales trônent au beau milieu de la table. Mais comme il fait très soif, j’en saisis un et vais le rincer à l’évier avant de me verser une bonne rasade. Le vin plus bio que bio m’arrache le palais, j’ai presque envie de tout recracher.
En tout cas, je prends mes aises. Les aiguilles tournent lentement sur la grosse horloge comtoise qui sévit à l’autre bout de la pièce et je me laisse aller à mes rêveries.
Tic ...