Duo de pianos pour une sardine
Datte: 10/08/2018,
Catégories:
ff,
amour,
humilié(e),
fdanus,
Auteur: Isilwen, Source: Revebebe
... étais désolée. Les premiers mois, élève attentive à découvrir son propre plaisir, elle jouissait en hurlant. Moi, non. Elle n’était pas capable de m’y conduire, trop maladroite, trop impatiente de sa propre jouissance. Frustrée au commencement, furieuse maintenant.
Je reviens à la réalité. Ses mains sur moi sont lassantes. Toujours les mêmes caresses, je n’ai jamais réussi à la faire varier. Comment une femme peut-elle être aussi peu sensible ? J’ai l’impression d’être dans les bras d’un mauvais amant, sensation inédite pour moi. Je m’arrange pour que ses mains dégagent de mes fesses. Elle n’admet pas que la sodomie ne soit pas vitale pour moi. Et c’est pas faute de l’avoir dit clairement. On ne se comprend pas, voilà tout. Mais elle ne l’a pas compris.
J’éprouve un pincement au cœur. Elle essaie sans doute de bien faire. Mais plutôt que ses doigts qui me ramonent le sexe et ses phalanges qui cognent mes grandes lèvres, j’aimerais son sourire, ses mains sur mon visage et un baiser tendre. Non, elle a envie de sexe, de pornographie, et je lui donne.
Je repense à l’héroïne de « Requiem for a dream », film dont je n’ai compris que tard l’écho qu’il avait en moi. Elle se prostitue pour avoir sa dose, elle va au bout de son cauchemar pour en trouver la lumière qui l’aidera à l’oublier. Je suis comme elle, je joue les catins pour avoir ma dose d’amour. Sa lumière, c’est son shoot. Son shoot, c’est son espoir et son oubli. Ma lumière, c’est l’espoir du shoot. Que j’attends ...
... depuis longtemps.
Le signal est donné. À genoux derrière elle, je me sens vide, l’âme creuse. Je me détourne d’elle, de moi, de mes pensées en regardant par la fenêtre. Les nuages s’amoncellent à droite, le ciel bleu à gauche. Dirais-je que le temps est couvert, dégagé ou qu’il va se couvrir ? J’aimerais ouvrir la fenêtre pour connaître le sens du vent. Si j’étais un nuage, que verrais-je de là-haut ? Les strato-cumulus sont si drôles à voir. Je voudrais en être un, mais serais-je encore myope ? Ça peut avoir des lunettes, un nuage ? Et puis, ça voyage. J’ai faim d’espace, alors, si je pouvais, j’irais frotter mon ventre sur les pyramides d’Egypte, peut-être arriverais-je jusqu’au Mexique, où je m’éventrerais en un orage salvateur.
J’entends des voix, je n’ai pas envie de les écouter, elles ne disent pas de belles choses. Et j’entends plus la mienne. Pourtant, je sens mes cordes vocales qui vibrent.
— Déchire-moi le cul ! Vas-y ! Défonce-moi !
— T’aime ça, putain de chienne ? Allez, gueule !
Je retourne à la fenêtre, pas envie d’écouter cette laideur. Je pense à un concerto pour deux pianos. Il est vraiment sublime, je monte le son mentalement, ça couvre un peu les gémissements et la crasse de ce dialogue. Il y a pris du plaisir, le piano, à être touché avec tant de grâce ? On dirait que oui, qu’il aime ce que la pianiste lui fait faire, alors il se donne tout entier. Il doit sourire quand elle s’approche de lui, il doit faire frétiller ses marteaux d’excitation. ...